Pendant plus de vingt ans, la France a été très en retard quant à ses recommandations de vaccination contre les méningocoques. Alors que les Anglais recommandent une vaccination généralisée contre le méningocoque C depuis le début du millénaire, la France ne l’a recommandée qu’en 2010 et sans aucune campagne de promotion. De ce fait, les couvertures vaccinales ont progressé très lentement pour devenir à peine acceptables dix ans après pour le nourrisson. De même pour la vaccination contre les méningocoques du groupe B : recommandée en 2016 chez les Anglais, ce n'est qu’en 2022 qu’elle l’a été en France. Des délais de même ampleur ont pu être observés pour les vaccins conjugués contre les sérotypes A, C, W, Y. Aujourd’hui, tous ces vaccins sont enfin recommandés à la suite d'un véritable changement dans l’approche de la prévention des maladies infectieuses au sein des autorités de santé apparu avant la pandémie de Covid- 19 et plus accentué au décours. Actuellement, les recommandations vaccinales françaises sont parmi les plus larges d’Europe et de l’ensemble des pays occidentaux :1
- les vaccins ACYW sont actuellement recommandés à 6 mois, 1 an et en début de puberté. Ils seront obligatoires pour les enfants nés à partir du 1er janvier 2025 ;
- le Bexsero®, de la même façon, est aujourd’hui recommandé dans la première année de vie avec un rappel en début de deuxième année et deviendra obligatoire pour les enfants nés à partir du 1er janvier 2025 ;
- le Bexsero® et le Trumemba® ne sont pas recommandés à l’adolescence mais remboursés pour toutes les familles qui souhaiteront faire vacciner leurs enfants.
On ne peut que regretter ces retards dans les recommandations et le nombre de décès et de séquelles qui auraient pu être évités, mais à présent il est du devoir des professionnels de santé et des médecins en particulier, de convaincre, prescrire et administrer ces vaccins. Avec l’obligation vaccinale chez le nourrisson, nous obtiendrons, sans aucun doute, de bons taux de couverture vaccinale dans cette tranche d’âge. En revanche, une certaine inquiétude est légitime concernant les adolescents : en effet, ils représentent le réservoir naturel de cette espèce bactérienne à laquelle ils sont très susceptibles et aucune obligation vaccinale n’est juridiquement possible vis-à-vis d’eux. Ce n’est que lorsque les couvertures vaccinales des adolescents seront suffisantes que l’injection des nourrissons de 6 mois, critiquée par certains, pourra être supprimée.2
Ce supplément de la Revue du Praticien aidera, nous l’espérons, à mieux comprendre les enjeux de ces vaccinations.
2. CMG. Fiche vaccin méningocoques. Mis en ligne le 7 mars 2024. https://bit.ly/4ekb9oL