Le rôle du mode de vie dans la santé oculaire se confirme.
Parmi les incapacités les plus fréquentes au niveau mondial, les déficiences visuelles occupent actuellement la troisième place, affectant plus de 10 % de la population. Les conséquences humaines et socio-économiques sont lourdes : impact sur la qualité de vie, difficultés dans la vie quotidienne et l’autonomie, risque accru de dépression, de chutes et de fractures.
Ainsi, l’étude française ALIENOR (www.alienor-study.com ; encadré), a montré que les défauts de vision seraient responsables de 10 % des difficultés de mobilité, 26 % des incapacités dans les activités instrumentales de la vie quotidienne (faire ses courses, gérer son budget, ses médicaments, utiliser le téléphone…) et 25 % des restrictions sociales (par exemple, ne plus pouvoir quitter son domicile) chez des personnes âgées bordelaises.1 Des études récentes ont également suggéré leur association à un moins bon vieillissement cognitif.
Les principales causes sont les erreurs réfractives et accommodatives non corrigées d’une part, et les maladies oculaires liées à l’âge d’autre part. Ainsi, la prévalence des déficiences visuelles augmente fortement avec l’âge, passant de moins de 1 % avant 50 ans, à plus de 20 % après 70 ans ou plus. Au niveau mondial, près de 90 % des sujets concernés ont plus de 50 ans.
Ainsi, l’étude française ALIENOR (www.alienor-study.com ; encadré), a montré que les défauts de vision seraient responsables de 10 % des difficultés de mobilité, 26 % des incapacités dans les activités instrumentales de la vie quotidienne (faire ses courses, gérer son budget, ses médicaments, utiliser le téléphone…) et 25 % des restrictions sociales (par exemple, ne plus pouvoir quitter son domicile) chez des personnes âgées bordelaises.1 Des études récentes ont également suggéré leur association à un moins bon vieillissement cognitif.
Les principales causes sont les erreurs réfractives et accommodatives non corrigées d’une part, et les maladies oculaires liées à l’âge d’autre part. Ainsi, la prévalence des déficiences visuelles augmente fortement avec l’âge, passant de moins de 1 % avant 50 ans, à plus de 20 % après 70 ans ou plus. Au niveau mondial, près de 90 % des sujets concernés ont plus de 50 ans.
Erreurs réfractives
Elles résultent de l’incapacité de l’œil à focaliser les rayons lumineux dans le plan de la rétine. L’image perçue est alors floue et des lunettes ou lentilles de contact sont nécessaires pour voir clairement. Aujourd’hui, le recours à la chirurgie est également possible.
Malgré la disponibilité et l’efficacité de ces dispositifs, les erreurs réfractives liées à une correction optique, soit non optimale, soit absente, représentent à l’heure actuelle plus de 50 % des déficiences visuelles, aussi bien dans les pays à faible revenu que dans ceux à revenu élevé.2 Cela résulte à la fois de leur grande fréquence (plus de la moitié de la population mondiale), et des difficultés d’accès à la correction. Ces dernières sont particulièrement prononcées dans les régions en voie de développement, mais existent également dans les pays industrialisés (les freins sont assez mal identifiés). En France, on évoque l’allongement des délais de rendez-vous chez l’ophtalmologiste et les coûts, le reste à charge étant élevé pour le patient.
La plus fréquente est la myopie, due le plus souvent à une trop grande longueur de l’œil. Sa prévalence a fortement augmenté au cours des 50 dernières années, d’abord en Asie, où elle atteint désormais environ 80 % de la population jeune, scolarisée intensivement à un très jeune âge. Récemment, une méta-analyse d’étu- des européennes (POLA, ALIENOR et MONTRACHET) a confirmé cette tendance, la myopie touchant environ 50 % des jeunes (25-29 ans).3 Principal facteur explicatif : le temps passé à l’extérieur dans l’enfance. Des expérimentations ont montré en effet que l’allongement de ce paramètre (temps scolaire passé dehors accru de 40 minutes par jour, par exemple) pourrait réduire l’incidence et la progression de cette affection chez les enfants.4
Malgré la disponibilité et l’efficacité de ces dispositifs, les erreurs réfractives liées à une correction optique, soit non optimale, soit absente, représentent à l’heure actuelle plus de 50 % des déficiences visuelles, aussi bien dans les pays à faible revenu que dans ceux à revenu élevé.2 Cela résulte à la fois de leur grande fréquence (plus de la moitié de la population mondiale), et des difficultés d’accès à la correction. Ces dernières sont particulièrement prononcées dans les régions en voie de développement, mais existent également dans les pays industrialisés (les freins sont assez mal identifiés). En France, on évoque l’allongement des délais de rendez-vous chez l’ophtalmologiste et les coûts, le reste à charge étant élevé pour le patient.
La plus fréquente est la myopie, due le plus souvent à une trop grande longueur de l’œil. Sa prévalence a fortement augmenté au cours des 50 dernières années, d’abord en Asie, où elle atteint désormais environ 80 % de la population jeune, scolarisée intensivement à un très jeune âge. Récemment, une méta-analyse d’étu- des européennes (POLA, ALIENOR et MONTRACHET) a confirmé cette tendance, la myopie touchant environ 50 % des jeunes (25-29 ans).3 Principal facteur explicatif : le temps passé à l’extérieur dans l’enfance. Des expérimentations ont montré en effet que l’allongement de ce paramètre (temps scolaire passé dehors accru de 40 minutes par jour, par exemple) pourrait réduire l’incidence et la progression de cette affection chez les enfants.4
Maladies oculaires liées à l’âge
La cataracte est facilement opérable, la lentille naturelle étant remplacée par un implant artificiel. Cette intervention est l’acte chirurgical le plus fréquent dans les pays industrialisés, avec plus de 800 000 opérations en 2017 en France. Cette affection continue cependant à être en cause dans près de 20 % des déficiences visuelles (et dans plus de 30 % des cas de cécité) dans le monde, surtout en raison de l’accès restreint à la chirurgie dans les pays à faible revenu. Les principaux facteurs de risque sont l’exposition aux ultraviolets, le tabagisme, le diabète et les traitements par corticoïdes.
La DMLA est la 3e cause de déficience visuelle dans le monde. Un grand essai européen évalue sa prévalence à 30 % de la population de plus de 75 ans, dont 25 % de formes précoces et 5 % de formes tardives. En France, POLA (2005) et ALIENOR (2010) ont montré l’augmentation de la prévalence avec l’âge et des chiffres superposables à ceux de la littérature. Dans la première, l’incidence de la maculopathie (MLA) est de 0,49 % sur 3 ans mais de 3,41 % dans le même temps chez les 80 ans et plus. Dans la seconde, chez les 73 ans et plus, la prévalence de la MLA est de 28,4 % et celle de la DMLA de 5,6 %.
Une hausse est prévisible, consécutive au vieillissement de la population. D’après certaines estimations, le nom-bre de cas doit doubler d’ici 30 ans, pour atteindre 1 million en France. Cependant, le suivi d’une cohorte américaine laisse espérer un ralentissement de l’incidence (– 60 % entre la génération X et les baby boomers) à chaque nouvelle génération. L’explication en serait les progrès de l’hygiène, surtout alimentaire, qui retarderaient, avec une meilleure prise en charge, le vieillissement maculaire.
Les études épidémiologiques ont mis en évidence son caractère multifactoriel, combinant une forte susceptibilité génétique (plus d’une cinquantaine de gènes identifiés) et d’importants facteurs de risque liés au mode de vie. Ainsi, le tabagisme multiplierait par 3 la probabilité de développer une DMLA (par 5 chez les gros fumeurs), tandis que les régimes alimentaires combinant de forts apports en anti-oxydants et caroténoïdes (fruits et légumes principalement) et en acides gras oméga 3 (poisson) sont protecteurs (ALIENOR).5
Enfin, le glaucome se situe en quatrième position. La prévalence de la cécité induite est estimée à 8 millions, dont 4 millions pour le glaucome chronique primitif à angle ouvert. Ce dernier prédomine dans les pays occidentaux et en Afrique ; il représente la moitié des glaucomes dans le monde, avec une incidence annuelle estimée à 2,4 millions. Chez les Caucasiens, il est 11 fois plus fréquent que le glaucome à angle fermé ; 66 millions de patients en seraient atteints au niveau mondial. En Europe et en Amérique du Nord, sa prévalence est de 0,5 à 1 % chez les plus de 40 ans. Il est l’une des 3 premières causes de cécité irréversible, avec la rétinopathie diabétique et la MLA, dans les pays industrialisés.
Le glaucome par fermeture de l’angle domine en Asie, il est responsable de plus de 90 % des cas de cécité bilatérale en Chine. Chez les Caucasiens, la forme aiguë est plus fréquente, et la femme est atteinte 4 fois plus souvent que l’homme. Elle survient généralement après 60 ans, chez des sujets ayant un œil anatomiquement prédisposé (hypermétropie le plus souvent). Principaux facteurs de risque : âge et hypertonie oculaire. Autres : hérédité, faible épaisseur cornéenne centrale, forte myopie.
La DMLA est la 3e cause de déficience visuelle dans le monde. Un grand essai européen évalue sa prévalence à 30 % de la population de plus de 75 ans, dont 25 % de formes précoces et 5 % de formes tardives. En France, POLA (2005) et ALIENOR (2010) ont montré l’augmentation de la prévalence avec l’âge et des chiffres superposables à ceux de la littérature. Dans la première, l’incidence de la maculopathie (MLA) est de 0,49 % sur 3 ans mais de 3,41 % dans le même temps chez les 80 ans et plus. Dans la seconde, chez les 73 ans et plus, la prévalence de la MLA est de 28,4 % et celle de la DMLA de 5,6 %.
Une hausse est prévisible, consécutive au vieillissement de la population. D’après certaines estimations, le nom-bre de cas doit doubler d’ici 30 ans, pour atteindre 1 million en France. Cependant, le suivi d’une cohorte américaine laisse espérer un ralentissement de l’incidence (– 60 % entre la génération X et les baby boomers) à chaque nouvelle génération. L’explication en serait les progrès de l’hygiène, surtout alimentaire, qui retarderaient, avec une meilleure prise en charge, le vieillissement maculaire.
Les études épidémiologiques ont mis en évidence son caractère multifactoriel, combinant une forte susceptibilité génétique (plus d’une cinquantaine de gènes identifiés) et d’importants facteurs de risque liés au mode de vie. Ainsi, le tabagisme multiplierait par 3 la probabilité de développer une DMLA (par 5 chez les gros fumeurs), tandis que les régimes alimentaires combinant de forts apports en anti-oxydants et caroténoïdes (fruits et légumes principalement) et en acides gras oméga 3 (poisson) sont protecteurs (ALIENOR).5
Enfin, le glaucome se situe en quatrième position. La prévalence de la cécité induite est estimée à 8 millions, dont 4 millions pour le glaucome chronique primitif à angle ouvert. Ce dernier prédomine dans les pays occidentaux et en Afrique ; il représente la moitié des glaucomes dans le monde, avec une incidence annuelle estimée à 2,4 millions. Chez les Caucasiens, il est 11 fois plus fréquent que le glaucome à angle fermé ; 66 millions de patients en seraient atteints au niveau mondial. En Europe et en Amérique du Nord, sa prévalence est de 0,5 à 1 % chez les plus de 40 ans. Il est l’une des 3 premières causes de cécité irréversible, avec la rétinopathie diabétique et la MLA, dans les pays industrialisés.
Le glaucome par fermeture de l’angle domine en Asie, il est responsable de plus de 90 % des cas de cécité bilatérale en Chine. Chez les Caucasiens, la forme aiguë est plus fréquente, et la femme est atteinte 4 fois plus souvent que l’homme. Elle survient généralement après 60 ans, chez des sujets ayant un œil anatomiquement prédisposé (hypermétropie le plus souvent). Principaux facteurs de risque : âge et hypertonie oculaire. Autres : hérédité, faible épaisseur cornéenne centrale, forte myopie.
Perspectives
La mise en évidence du rôle joué par le mode de vie (exposition à la lumière, tabagisme, nutrition) ouvre la voie à des stratégies de prévention. La plupart de ces facteurs font d’ailleurs déjà l’objet de mesures de santé publique, car ils sont associés à d’autres pathologies (cancers et maladies cardiovasculaire notamment). Ces stratégies sont très probablement à l’origine de la baisse de la prévalence des déficiences visuelles non réfractives observée au cours des 20 dernières années, au niveau mondial, et notamment en Europe.
Cette étude épidémiologique en population générale âgée s’appuie sur une cohorte existante (3 Cités ou 3C) incluant 9 294 personnes de plus de 65 ans à Bordeaux, Dijon et Montpellier. Les sujets recrutés en 1999-2001 sont suivis depuis, environ tous les 2 ans.
Les données recueillies à chaque suivi incluent : évaluations cognitives, examens IRM, incapacités et modifications comportementales, paramètres vasculaires (antécédents de maladies CV, HTA, ECG, échographie des carotides). À l’inclusion : bilan sanguin (lipides, glycémie, créatinine) et prélèvements pour constituer une banque d’ADN. Pour la cohorte bordelaise, des données nutritionnelles détaillées ont été répertoriées : dosages de nutriments d’intérêt dans la serothèque (antioxydants, acides gras oméga 3, caroténoïdes) et enquêtes alimentaires lors du premier bilan (2001-2002).
Des examens ophtalmologiquessont proposés à tous les participants (2006-2008) : mesures de la réfraction, de l’acuité visuelle, de la pression intra-oculaire et de l’épaisseur cornéenne centrale, 2 photographies en couleurs de la rétine à 45° (macula, nerf optique), test du break-up time (temps de rupture du film lacrymal). Autoquestionnaire sur les facteurs de risque oculaire (exposition au soleil, utilisation de la télévision et de l’ordinateur) et les symptômes de sécheresse oculaire. Uniquement en 2008-2009 : étude ancillaire sur le pigment maculaire auprès de 395 sujets. Depuis 2009, OCT, imagerie rétinienne à grand champ et examen des propriétés biomécaniques de la cornée permettent de poser le diagnostic des principales maladies oculaires (DMLA, glaucome, cataracte).
Objectif : mettre en évidence les associations entre ces maladies liées à l’âge, le statut nutritionnel, les facteurs génétiques et vasculaires, le mode de vie.
Les données recueillies à chaque suivi incluent : évaluations cognitives, examens IRM, incapacités et modifications comportementales, paramètres vasculaires (antécédents de maladies CV, HTA, ECG, échographie des carotides). À l’inclusion : bilan sanguin (lipides, glycémie, créatinine) et prélèvements pour constituer une banque d’ADN. Pour la cohorte bordelaise, des données nutritionnelles détaillées ont été répertoriées : dosages de nutriments d’intérêt dans la serothèque (antioxydants, acides gras oméga 3, caroténoïdes) et enquêtes alimentaires lors du premier bilan (2001-2002).
Des examens ophtalmologiquessont proposés à tous les participants (2006-2008) : mesures de la réfraction, de l’acuité visuelle, de la pression intra-oculaire et de l’épaisseur cornéenne centrale, 2 photographies en couleurs de la rétine à 45° (macula, nerf optique), test du break-up time (temps de rupture du film lacrymal). Autoquestionnaire sur les facteurs de risque oculaire (exposition au soleil, utilisation de la télévision et de l’ordinateur) et les symptômes de sécheresse oculaire. Uniquement en 2008-2009 : étude ancillaire sur le pigment maculaire auprès de 395 sujets. Depuis 2009, OCT, imagerie rétinienne à grand champ et examen des propriétés biomécaniques de la cornée permettent de poser le diagnostic des principales maladies oculaires (DMLA, glaucome, cataracte).
Objectif : mettre en évidence les associations entre ces maladies liées à l’âge, le statut nutritionnel, les facteurs génétiques et vasculaires, le mode de vie.
RÉFÉRENCES
1. Nael V, Peres K, Carriere I, et al. Visual impairment, undercorrected refractive errors, and activity limitations in older adults: findings from the Three-City Alienor Study. Invest Ophthalmol Vis Sci 2017;58:2359-65.
2. Bourne RR, Jonas JB, Flaxman SR, et al. Prevalence and causes of vision loss in high-income countries and in Eastern and Central Europe: 1990-2010. Br J Ophthalmol 2014;98:629-38.
3. Williams KM, Bertelsen G, Cumberland P, et al. Increasing prevalence of myopia in Europe and the impact of education. Ophthalmology 2015;122:1489-97.
4. He M, Xiang F, Zeng Y, et al. Effect of time spent outdoors at school on the development of myopia among children in China: a randomized clinical trial. JAMA 2015;314:1142-8.
5. Merle BM, Delyfer MN, Korobelnik JF, et al. High concentrations of plasma n3 fatty acids are associated with decreased risk for late age-related macular degeneration. J Nutr 2013;143:505-11.
2. Bourne RR, Jonas JB, Flaxman SR, et al. Prevalence and causes of vision loss in high-income countries and in Eastern and Central Europe: 1990-2010. Br J Ophthalmol 2014;98:629-38.
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4. He M, Xiang F, Zeng Y, et al. Effect of time spent outdoors at school on the development of myopia among children in China: a randomized clinical trial. JAMA 2015;314:1142-8.
5. Merle BM, Delyfer MN, Korobelnik JF, et al. High concentrations of plasma n3 fatty acids are associated with decreased risk for late age-related macular degeneration. J Nutr 2013;143:505-11.