La tuberculose connaît une résurgence ­inquiétante. Selon les données de ­l’Organisation mondiale de la santé, ­environ 10,8 millions de personnes à travers le monde en ont été atteintes en 2023.1 ­Causée par la bactérie Mycobacterium tuberculosis, elle est l’une des maladies infectieuses les plus meurtrières, responsable d’environ 1,25 million de décès en 2023.1

En 2023 toujours, la France a enregistré une hausse de 16,7 % des cas par rapport à l’année précédente, atteignant un taux de déclaration de 7,1 cas pour 100 000 habitants, soit un total de 4 866 cas signalés. Cette augmentation marque la première hausse depuis le début de la pandémie de Covid- 19, période à partir de laquelle le nombre de cas avait reculé.2 Les régions les plus touchées actuellement incluent la Guyane (24 cas pour 100 000 habitants), l’Île-de-France (14,2) et Mayotte (12,8), toutes affichant des taux de déclaration bien au-dessus de la moyenne nationale. Les populations les plus concernées restent les mêmes : détenus, sans domicile fixe, personnes nées à l’étranger (en particulier originaires d’Afrique subsaharienne et arrivées en France depuis moins de deux ans).2

La résurgence de la tuberculose est influencée par divers facteurs : pauvreté, malnutrition,  conditions de vie insalubres, co-infection avec le VIH. En outre, les mouvements migratoires jouent un rôle dans la propagation de la maladie. Les systèmes de santé surchargés et le manque de ressources exacerbent d’autant cette situation.3 À cela s’ajoute l’émergence de souches résistantes aux médicaments, ce qui est très préoccupant : les tuberculoses multirésistante et ultrarésistante nécessitent des traitements plus longs, plus coûteux et souvent plus toxiques, avec des taux de guérison moindres.

Pourtant, la tuberculose est une maladie évitable et facile à dépister. La résurgence actuelle doit-elle faire évoluer les pratiques ?

Aujourd’hui, en France, il y a la co­existence du dépistage opportuniste et d’un dépistage systématique ciblé (migrants adultes ou adolescents entrés en France depuis moins de deux ans, personnes détenues) ou lors d’une enquête autour d’un cas. Cependant, bien que les populations à risque semblent bien identifiées, il existe une hétéro­généité des pratiques et des moyens selon les départements et les structures. En outre, des limites organisationnelles sont clairement rapportées : difficulté d’accès pour certains du fait de leur grande mobilité géographique, manque de communication sur la tuberculose à l’origine d’une stigmatisation, manque de formation des professionnels, délais allongés pour la réali­sation d’examens et l’obtention de leurs résultats pouvant conduire à perdre de vue les personnes dépistées.5

La HAS recommande de former davantage les professionnels au dépistage et au traitement, en adoptant une approche globale incluant le dépistage conjoint du VIH et des hépatites B et C.5 Elle insiste également sur l’importance d’utiliser des supports multilingues et de multiplier les actions d’« aller-vers » pour toucher les populations marginalisées.5 

En amont, elle promeut la vaccination par le BCG, conformément au calendrier vaccinal en vigueur : depuis la fin de l’obligation en 2007, la vaccination concerne les enfants à risque élevé (dès l’âge de 1 mois et jusqu’à 15 ans, sans IDR à la tuberculine préalable avant 6 ans sauf cas particulier*, c’est-à-dire résidence dans des zones de forte incidence** ou si un proche est atteint de tuberculose).5 Comme le souligne une méta-analyse,6 ce vaccin vivant offre une protection non négligeable (71 % de prévention contre la tuberculose maladie). On manque néanmoins de données de couverture en France pour le BCG qui n’est plus disponible en ville et donc peu facile d’ac­cès. La tuberculose restant une réalité, aucune occasion ne doit être manquée d’orienter les familles concernées par l’indication vaccinale vers un centre dédié. 

* https ://bit.ly/4k4M4l8

** Liste des pays concernés consultable à cette adresse https ://bit.ly/43JZrBs