Depuis quelques années, la ménopause fait l’objet d’un regain d’intérêt de la part des médias français et des réseaux sociaux, à l’instar des évolutions observées dans les pays voisins.
Dans ce contexte, en mai 2024, le président de la République a confié une mission parlementaire sur la ménopause à la députée Stéphanie Rist. L’objectif fixé était de faire évoluer la perception de la ménopause dans la société et d’améliorer l’information et la prise en charge des femmes ménopausées.
La mission, réalisée avec l’appui d’Aurélie Lorrain-Itty, membre de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de son pôle data, a produit un rapport, articulé selon trois axes.
Le premier axe, « Information, prévention, préparation à la ménopause », nourri de l’enquête effectuée au début de la mission (les témoignages sont retranscrits en fin de rapport), constate le manque d’information des femmes. S’ensuivent sept recommandations, dont l’enjeu principal est la communication auprès du grand public par tous les moyens possibles (site internet, collège, campagnes de communication, ressources documentaires via les cabinets médicaux et les pharmacies, réseaux sociaux…) afin « d’engager […] une vision moins anxiogène de la ménopause tout en luttant contre les stéréotypes ».
Le deuxième axe, « Accompagnement et prise en charge sanitaire », promeut une prise en charge globale et individualisée, adaptée au profil de chaque femme. Il fait l’objet de huit recommandations. Tout d’abord, dans la période de périménopause/ménopause, l’importance du bilan de santé globale (à 45 ans) est une nouvelle fois soulignée. Mais ce bilan doit être renforcé autour des enjeux de la ménopause. La création d’une consultation longue en début de ménopause, revalorisée comme l’est la consultation longue de contraception, est donc proposée. Ensuite est intégrée l’actualisation des recommandations de la Haute Autorité de santé sur la prise en charge de la ménopause, notamment les indications ou contre-indications du traitement hormonal de la ménopause (THM) déjà engagées. La formation des professionnels de santé sur la ménopause doit donc être améliorée et renforcée. Le pôle data de l’Igas a calculé, à partir des données du Système national des données de santé, que seules 2,5 % des femmes de 45 ans et plus en France métropolitaine ont pris un THM en 2024. Ce chiffre, qui s’est effondré par rapport à celui du début des années 2000, est aussi le plus bas d’Europe. Compte tenu de la fréquence du syndrome climatérique à la ménopause, cela signifie que certaines femmes n’ont manifestement pas accès à une information fiable sur la balance bénéfice/risque du THM, et qu’il en résulte pour elles une qualité de vie très nettement dégradée. Le rapport reconnaît aussi que la recherche clinique et fondamentale doit être renforcée.
Le troisième axe, « Prendre en compte la ménopause au travail », est particulièrement innovant. En effet, le monde du travail est, dans certaines entreprises, redoutable pour les femmes ménopausées, comme le relatent les témoignages. Cet axe fait l’objet de dix recommandations afin d’engager les employeurs à améliorer l’environnement de travail des femmes ménopausées et d’éviter les risques de désinsertion professionnelle. La recommandation « Intégrer pleinement la ménopause dans la politique RH et managériale des grandes entreprises et des services publics » (désigner un ambassadeur « ménopause et emploi » pour sensibiliser les employeurs et lancer une démarche « engagement ménopause » à destination des entreprises) serait, si elle était mise en œuvre, une avancée majeure dans le monde du travail.
Merci donc à Stéphanie Rist pour ce rapport approfondi et ces propositions qui, nous l’espérons, lèveront le tabou de la ménopause, permettront une diffusion des solutions les plus adaptées aux différentes situations et rendront les femmes ménopausées moins « invisibles » dans leurs dynamisme et compétences, atouts majeurs notamment dans le monde du travail.