MG en France : rien que des faits !

Depuis plusieurs années, et après une trêve « covidienne », on entend dire des médecins généralistes qu’ils seraient de moins en moins nombreux, qu’ils travailleraient moins que leurs aînés, qu’ils souhaiteraient gagner toujours plus, priorisant leur vie personnelle à la dévotion envers leurs patients. Peut-être est-il utile de faire le point sur la situation actuelle et de déconstruire des idées mal à propos…

Qui sont les médecins généralistes ? Dénombrés un peu plus de 100 000 en activité en 2025 (libéraux ou non), les médecins généralistes rajeunissent (50,4 ans en 2025 versus 51,1 ans en 2012) et plus de la moitié sont des femmes (52 % versus 41 % en 2012).¹ -L’augmentation progressive de la part des médecins à diplôme étranger est nette : + 32,2 % entre 2010 et 2023 de généralistes à diplômes étrangers (UE ou hors UE), qu’ils soient français partis étudier ailleurs ou non. Les médecins généralistes retraités actifs sont aussi plus nombreux : + 289 % entre 2010 et 2023 (44 % des médecins retraités sont -généralistes) ; leur âge moyen est de 70,7 ans (+ 3 ans depuis 2010).² Les médecins remplaçants étaient, eux, 12 894 en 2023 (9 054 en 2010) ; plus de la moitié (52,5 %) sont des femmes et 61,9 % des généralistes. Ils sont jeunes : 41,1 ans en 2023. Commencer son activité par des remplacements est de plus en plus fréquent : le nombre des remplaçants primo-inscrits à l’Ordre a augmenté de 111,8 % entre 2010 et 2023 (versus + 53,6 % pour les primo-inscrits actifs réguliers).²

Toujours moins de médecins généralistes ? Non, leur nombre est en hausse (+ 1 % entre les 1^ers janvier 2024 et 2025), après avoir baissé depuis 2018 (- 0,5 % par an en moyenne de 2018 à 2024). Cette baisse était néanmoins artificielle, s’expliquant notamment par la mise en place des spécialités en médecine d’urgence et en allergologie en 2017 (spécialités auparavant surtout exercées par des médecins généralistes ayant une formation complémentaire).³ La part des médecins installés depuis moins de dix ans a augmenté (39 % en 2021 contre 25 % en 2017).⁴ Néanmoins, on note une baisse des actifs réguliers (- 1,3 % entre 2010 et 2023).³

Combien gagnent-ils ? Parmi les médecins généralistes libéraux, près de 50 000 sont en secteur 1, seulement 1 550 en secteur 2 et 560 sont non conventionnés...⁵ Leur revenu d’activité moyen est inférieur en secteur 2 par rapport au secteur 1 : en 2021, il était de 98 300 euros annuels (153 300 en moyenne pour les autres spécialistes), dont 93 500 euros en libéral (94 000 en secteur 1 et 82 900 en secteur 2). Cela correspond à une augmentation de 0,8 % par an depuis 2005 (là où l’inflation a varié entre 0,9 et 5 %).⁴

Comment travaillent-ils ? 24 000 environ exercent en cabinet individuel et 38 000 en cabinet de groupe. La moitié des 100 000 généralistes n’exercent pas la fonction de médecin traitant (activité en soins non programmés, PMI, crèche...).¹ Une enquête à l’initiative du CNOM en collaboration avec le Collège de la médecine générale montre que la féminisation de la profession n’a pas diminué le temps de travail : la différence entre les femmes et les hommes est minime (8 demi-journées pour elles versus 8,5 pour eux). Les amplitudes de travail sont larges et proches de celles de leurs aînés (bien plus que 35 heures par semaine). La plupart des médecins libéraux rapportent un effectif de patientèle de 500 à 1 500 (patientèle nécessitant un suivi plus rapproché que par le passé, car plus âgée et aux pathologies chroniques plus fréquentes). Près des deux tiers acceptent de nouveaux patients.³

À l’heure où le système de santé français est remis en question, le rôle des médecins généralistes devrait n’être évoqué qu’avec des chiffres indiscutables.