Les Journées nationales de médecine générale (JNMG), congrès dont les sessions scientifiques sont organisées par la rédaction de La Revue du Praticien, s’ouvrent cette année avec une conférence sur l’obésité, pathologie à l’actualité multiple !
En 2024, près de 10 millions de Français – soit plus de 18 % de la population – étaient concernés par cette maladie chronique, qui réduit l’espérance de vie de cinq à sept ans et cause des complications psychosociales et somatiques : diabète, hypertension artérielle, apnées du sommeil, pathologies mécaniques articulaires, cancers (avec la triple peine de l’augmentation du risque, du retard de dépistage et de la moins bonne réponse au traitement), etc. La Haute Autorité de santé a publié, en 2024, un guide du parcours de soins pour les adultes en situation de surpoids (30,7 % de la population) ou d’obésité.1 Le rôle du médecin y est décrit comme quadruple : dépister systématiquement, diagnostiquer, s’accorder sur le projet de soins et le coconstruire avec le patient.
La professeure de nutrition Martine Laville nous fait l’honneur d’intervenir lors de cette session plénière. Elle expliquera en quoi la maladie obésité est actuellement l’objet d’une double (r)évolution :
- concernant le diagnostic, une commission internationale composée de 58 experts a récemment proposé de faire évoluer la définition de l’obésité. L’indice de masse corporelle (IMC) ne devrait plus être le critère unique, l’excès d’adiposité devant aussi être pris en compte. L’obésité serait ainsi un état caractérisé par un excès d’adiposité de causes multifactorielles et encore incomplètement comprises. Le stade préclinique (état d’adiposité excessive avec préservation de la fonction des autres organes et risque accru de développer une obésité clinique) devrait donc désormais être distingué du stade « clinique » (maladie) ;2,3
- sur le plan thérapeutique, la mise à disposition de nouvelles molécules – agonistes des récepteurs du GLP-1, coagonistes des récepteurs du GLP-1 et du GIP – modifie déjà les pratiques. Un cadre strict (indications en cas d’IMC supérieur à 30 kg/m2 ou supérieur à 27 kg/m2 avec comorbidités) et une information complète (reprise de poids après l’arrêt d’environ 50 % du poids perdu en un an ; effets indésirables, notamment digestifs…) sont nécessaires à leur utilisation, avec une pharmacovigilance soutenue du fait de leurs récentes autorisations de mise sur le marché. Leur coût demeure élevé, et la prise en charge par l’Assurance maladie restreinte. De plus, à ce jour, aucune étude ne compare la chirurgie métabolique à ces molécules. Enfin, leurs bénéfices à long terme sur la mortalité ou la prévention des complications vasculaires restent à démontrer.4
En amont et concernant le choix thérapeutique, la maladie obésité est un excellent modèle pour un parcours de soins optimisé : centré sur le patient, pluriprofessionnel avec une collaboration entre les différents niveaux de soins.
Le Dr Cyril Gauthier, médecin nutritionniste porteur de l’article 51 EMNO (Espace médical nutrition et obésité), décrira les spécificités des équipes de suivi selon le niveau de sévérité et présentera un outil pratique et innovant pour le diagnostic et l’initiation de la prise en charge.
Enfin, Aurélie Quillet, patiente experte, psychologue et vice-présidente de l’association StéréO, se fera porte-parole de l’expérience patient et proposera des stratégies permettant d’aborder la question du poids en consultation, exercice finalement de bon sens : l’obésité est une maladie chronique à considérer comme telle, sans stigmatisation ni jugement.
2. Laville M, Clement K, Pattou F. La définition de l’obésité clinique évolue ! Rev Prat 2025;75(2):119.
3. Rubino F, Cummings DE, Eckel RH, et al. Definition and diagnostic criteria of clinical obesity. Lancet Diabetes Endocrinol 2025;13(3):221-62.
4. Bel Lassen P. La chirurgie bariatrique a-t-elle toujours une place dans le traitement du diabète de type 2 ? Rev Prat septembre 2025.