Diagnostiquer une péricardite aiguë.
Identifier les situations d'urgence et planifier leur prise en charge.
Définition
Épidémiologie
Physiopathologie
Clinique
Signes fonctionnels
Examen clinique
À l’auscultation, on recherche un frottement péricardique, classiquement décrit comme un bruit de « marche dans la neige » ou de « froissement du cuir ». Il est pathognomique de la péricardite. Son intensité est augmentée dans la région parasternale gauche et en antéflexion. Il est perçu en systole et en diastole, ne disparaît pas en apnée, et son intensité peut varier avec le temps. Il est souvent très fugace, et sa perception nécessite donc de répéter souvent l’auscultation.
La présence d’une hypotension artérielle, d’une turgescence jugulaire ou d’un pouls paradoxal de Kussmaul (diminution du pouls en inspiration) sont des signes de tamponnade. Cette situation est rare dans le cadre d’une péricardite aiguë, mais constitue une urgence vitale.
Diagnostic positif
Diagnostic différentiel
Examens complémentaires
Radiographie thoracique
Électrocardiogramme
La présence d’un microvoltage (QRS < 5 mm) est évocateur d’un épanchement péricardique significatif.
Biologie
Échographie cardiaque
En dehors d’un éventuel épanchement péricardique, l’échographie est normale. Un trouble de cinétique segmentaire ou une altération de la fraction d’éjection doit faire suspecter un infarctus du myocarde ou une myocardite. Une fuite aortique doit faire rechercher une dissection aortique.
IRM cardiaque
Formes cliniques
Péricardite aiguë virale bénigne
À l’interrogatoire, il y a fréquemment un syndrome viral ORL ou digestif dans les jours ou semaines précédant la péricardite. Le diagnostic positif est fondé sur l’interrogatoire et le contexte infectieux viral, et un syndrome inflammatoire biologique souvent modéré. Les sérologies virales ne sont pas utiles pour la confirmation diagnostique et n’influencent pas la prise en charge. L’échographie est souvent normale mais peut parfois retrouver un épanchement péricardique modéré.
Sous traitement anti-inflammatoire et colchicine, la douleur cède en quelques jours ou quelques semaines, et l’évolution est le plus souvent simple.
Myopéricardite
Péricardite post-infarctus du myocarde
La péricardite peut aussi survenir plus tardivement après l’infarctus, entre la deuxième et troisième semaine (syndrome de Dressler). Elle se présente alors sous une forme relativement typique, associant douleur thoracique, fébricule et frottement péricardique à l’auscultation. Le traitement est identique à celui de la péricardite aiguë virale bénigne, et l’évolution habituellement favorable sous traitement.
Autres causes
Tamponnade
Elle complique exceptionnellement une forme virale bénigne. Elle se rencontre plus volontiers dans un contexte de cancer, tuberculose, insuffisance rénale chronique dialysée, traumatisme, complication de geste endovasculaire (coronarographie, pacemaker...), rupture post-infarctus...
Signes de gravité
À l’examen clinique, hypotension, turgescence jugulaire et pouls paradoxal (pouls atténué en inspiration).
Sur la radiographie thoracique, un élargissement de la silhouette cardiaque. Sur l’électrocardiogramme, microvoltage diffus des QRS (amplitude < 5 mm).
En échographie cardiaque, épanchement abondant avec retentissement sur les cavités cardiaques droites.
Évolution
La complication la plus fréquente est la récidive, parfois favorisée par une mauvaise adhérence au traitement. Elle concerne 15 à 30 % des patients.
Traitement
Péricardite aiguë virale bénigne
Il est également recommandé un arrêt de travail pendant 15 jours. Pas d’activité sportive pendant 3 semaines. Chez les sportifs de haut niveau, la reprise n’est autorisée qu’après 3 mois, après normalisation de tous les examens (électrocardiogramme, biologie, échographie). Le repos est un élément prépondérant de la guérison.
Deux schémas thérapeutiques peuvent être proposés :
- acide acétylsalicylique 1 000 mg x 3/j pendant 3 semaines + colchicine 1 mg pendant 3 mois ;
- ou ibuprofène 600 mg x 3/j pendant 3 semaines + colchicine 1 mg pendant 3 mois.
Tamponnade
Lorsqu'une ponction est réalisée, il faudra systématiquement prévoir une analyse du liquide comprenant (protéines, rapport protéine du liquide/protéine du sérum plasmatique, LDH, amylase ou lipase, Numération des cellules du liquide, PCR pour la tuberculose, Microbiologie en culture aérobie et anaérobie et anatomie pathologie. Triglycérides si suspicion de chylopéricardite.
Criteres diagnostiques
◗ Interrogatoire : douleur thoracique rétrosternale ou précordiale, aiguë et souvent très intense, soulagée par l’antéflexion.
◗ Auscultation : frottement péricardique à l’auscultation, fugace, d’où la nécessité de répéter l’auscultation.
◗ ECG : sus-décalage ST diffus ou sous-décalage segment PQ, sans signe en miroir.
◗ Échographie : décollement péricardique.
Critères d’hospitalisation
●Fièvre >39°C
●Épanchement péricardique abondant
●Absence de réponse après une semaine de traitement par aspirine ou AINS/colchicine, myopéricardite
●Contexte d’immunosuppression
●Patient sous traitement anticoagulant oral.
POINTS FORTS À RETENIR
La forme la plus fréquente est la péricardite aiguë virale bénigne du sujet jeune.
Le diagnostic repose sur les caractéristiques de la douleur, l’ECG et la biologie.
L’évolution sous traitement est très souvent favorable.
Les diagnostics différentiels engageant le pronostic vital (infarctus du myocarde, embolie pulmonaire, dissection aortique) doivent être systématiquement écartés.
La tamponnade est rare mais doit être rapidement identifiée pour une prise en charge en urgence.
Péricardite aiguë
Ce qu’on attend d’un candidat à l’ECN
Une douleur thoracique survenant chez un sujet jeune, dans un contexte viral récent ou avec une fébricule, doit faire évoquer en première intention une péricardite. Ce diagnostic pourra rapidement être confirmé par les caractéristiques de la douleur, la présence d’un frottement péricardique et des anomalies ECG. Les signes cliniques ECG sont fugaces et seront d’autant plus perçus qu’on répétera l’auscultation et l’ECG.
Devant une suspicion de péricardite, même si le diagnostic semble évident d’emblée, il faut systématiquement éliminer les diagnostics pouvant mettre en jeu le pronostic vital : infarctus du myocarde, dissection aortique, embolie pulmonaire. Chaque étiologie présente des caractéristiques typiques pour la description de la douleur, les signes d’accompagnement et les examens complémentaires.
La péricardite aiguë du sujet jeune est virale dans près de 90 % des cas. Sauf symptomatologie inhabituelle ou résultat biologique aberrant, le bilan étiologique n’est pas utile. Le traitement repose sur l’association d’un traitement anti-inflammatoire et de la colchicine. Sous ce traitement, l’évolution est favorable, et la complication la plus fréquente est la récidive, qui nécessitera de reconduire ou poursuivre le traitement. En cas de récurrences multiples, le bilan étiologique pourra être approfondi.
Une tamponnade complique exceptionnellement la péricardite aiguë, mais c’est une urgence vitale. Il faut donc connaître et identifier rapidement les signes cliniques évocateurs.