L’Académie nationale de médecine revient sur le sujet dans un rapport rédigé sous la direction de Michel Komajda (CHU Pitié- Salpêtrière, Paris).1 Il rappelle qu’en France une polémique récurrente a alimenté les interrogations de la population sur l’efficacité et l’innocuité des statines et conduit de nombreux patients à interrompre leur traitement. Aussi se proposent-ils d’étudier les raisons qui la sous-tendent et ses conséquences.
En 2013, les autorités sanitaires (et une fraction de la communauté médicale) protestèrent contre des assertions plus ou moins fondées et potentiel- lement dangereuses pour nombre de malades. Avec un succès mitigé : une étude de cohorte menée à partir des données nationales de l’Assurance maladie et représentative de la population française (plusieurs milliers d’utilisateurs chroniques de statines) montra que le taux d’interruptions de traitement avait augmenté significativement en 2013 par rapport à 2012 : de 26 % chez les patients en prévention secondaire, de 40 % chez ceux à risque cardiovasculaire modéré et de 53 % en cas de faible risque.
Une seconde étude de l’Assurance maladie (en cours de publication) devrait bientôt conclure que chez des utilisateurs réguliers depuis plus d’un an en prévention secondaire (et donc à risque cardio- vasculaire majeur), l’arrêt des statines expose « à un risque de décès ou d’événement cardiovasculaire non fatal dans les trois mois suivant l’arrêt trois fois supérieur à celui des patients qui n’avaient pas arrêté leur traitement ».
« La crise des statines révèle d’importantes évolutions dans la relation de nos concitoyens à la médecine », estiment les auteurs du rapport. Selon eux, seule la conjugaison de plusieurs phénomènes sociologiques permet de rendre compte du décalage entre l’état de la connaissance biomédicale et le discours médiatique dominant vis-à-vis de ces médicaments.
« Une défiance croissante intervient dans un contexte de transition dans la manière dont les sociétés appréhendent les risques sanitaires, expliquent-ils. Cette transition s’est accompagnée d’un changement majeur dans les représentations sociales de la ‘‘nature’’ qui est majoritairement perçue comme une entité intrinsèquement bonne, généreuse et bienfaisante – avec, dans le champ de la médecine le développement de pratiques alternatives (homéopathie, naturopathie, acupuncture, chiropraxie, etc). »
Et c’est cette défiance qui a permis l’émergence sur la scène publique, et notamment dans les médias généralistes (télévision, radios, sites, presse écrite), de nombreux acteurs qui « en dépit de leur absence d’expertise avérée dans les champs concernés » se caractérisent généralement par des prises de position radicales ou polémiques sur la plupart des questions de santé.
En outre, les réseaux numériques et les médias sociaux jouent désormais, quotidiennement ou presque, un rôle majeur dans la multiplication de ces controverses. Le temps n’est plus où les « thèses hétérodoxes » en matière de santé restaient confinées à des « revues alternatives », diffusées localement par une « constellation de petits groupes d’activistes ».
Le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication a totalement bouleversé le paysage au point que les principaux portails d’information en ligne sont aujourd’hui saturés de rumeurs et de « fausses nouvelles » qui, malheureusement, contribuent largement à une désinformation générale.
En 2013, les autorités sanitaires (et une fraction de la communauté médicale) protestèrent contre des assertions plus ou moins fondées et potentiel- lement dangereuses pour nombre de malades. Avec un succès mitigé : une étude de cohorte menée à partir des données nationales de l’Assurance maladie et représentative de la population française (plusieurs milliers d’utilisateurs chroniques de statines) montra que le taux d’interruptions de traitement avait augmenté significativement en 2013 par rapport à 2012 : de 26 % chez les patients en prévention secondaire, de 40 % chez ceux à risque cardiovasculaire modéré et de 53 % en cas de faible risque.
Une seconde étude de l’Assurance maladie (en cours de publication) devrait bientôt conclure que chez des utilisateurs réguliers depuis plus d’un an en prévention secondaire (et donc à risque cardio- vasculaire majeur), l’arrêt des statines expose « à un risque de décès ou d’événement cardiovasculaire non fatal dans les trois mois suivant l’arrêt trois fois supérieur à celui des patients qui n’avaient pas arrêté leur traitement ».
« La crise des statines révèle d’importantes évolutions dans la relation de nos concitoyens à la médecine », estiment les auteurs du rapport. Selon eux, seule la conjugaison de plusieurs phénomènes sociologiques permet de rendre compte du décalage entre l’état de la connaissance biomédicale et le discours médiatique dominant vis-à-vis de ces médicaments.
« Une défiance croissante intervient dans un contexte de transition dans la manière dont les sociétés appréhendent les risques sanitaires, expliquent-ils. Cette transition s’est accompagnée d’un changement majeur dans les représentations sociales de la ‘‘nature’’ qui est majoritairement perçue comme une entité intrinsèquement bonne, généreuse et bienfaisante – avec, dans le champ de la médecine le développement de pratiques alternatives (homéopathie, naturopathie, acupuncture, chiropraxie, etc). »
Et c’est cette défiance qui a permis l’émergence sur la scène publique, et notamment dans les médias généralistes (télévision, radios, sites, presse écrite), de nombreux acteurs qui « en dépit de leur absence d’expertise avérée dans les champs concernés » se caractérisent généralement par des prises de position radicales ou polémiques sur la plupart des questions de santé.
En outre, les réseaux numériques et les médias sociaux jouent désormais, quotidiennement ou presque, un rôle majeur dans la multiplication de ces controverses. Le temps n’est plus où les « thèses hétérodoxes » en matière de santé restaient confinées à des « revues alternatives », diffusées localement par une « constellation de petits groupes d’activistes ».
Le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication a totalement bouleversé le paysage au point que les principaux portails d’information en ligne sont aujourd’hui saturés de rumeurs et de « fausses nouvelles » qui, malheureusement, contribuent largement à une désinformation générale.
1. Académie nationale de médecine. Efficacité et effets indésirables des statines : évidences et polémiques. https://bit.ly/2t3vKJM