La prévalence de la mort inattendue du nourrisson (MIN) stagne aux États-Unis comme en France depuis une vingtaine d’années (400 cas/an en France chez les moins de deux ans). Cette situation semble paradoxale puisque plusieurs facteurs de risque connus de la MIN reculent (le tabagisme maternel, par exemple). L’obésité maternelle, en augmentation ces 20 dernières années, pourrait être un facteur de risque indépendant expliquant ce plateau.
Des chercheurs américains ont donc mené une analyse de grande ampleur, portant sur toutes les naissances vivantes ayant eu lieu sur le sol américain entre 2015 et 2019. Les MIN correspondaient aux décès entre 7 et 364 jours ayant un des trois codages suivants : « syndrome de mort subite du nourrisson », « causes mal définies et inconnues », « suffocation accidentelle et étranglement dans le lit ».
Les auteurs ont calculé l’odds ratio (OR) de la MIN chez les enfants de mères ayant une obésité par rapport aux enfants de femmes à IMC normal (18,5 ≤ IMC < 25). Ils l’ont ajusté en considérant de nombreux facteurs confondants : âge maternel, ethnie déclarée de la mère, niveau d’éducation, lieu de naissance, statut marital, tabagisme, âge et ethnie déclarée du père, sexe et ordre de naissance du nourrisson. Les résultats ont été publiés dans le JAMA Pediatrics.
Parmi les 18 857 694 naissances vivantes incluses dans l’analyse, 16 545 enfants sont décédés de MIN, soit un taux brut de 0,88/1 000 naissances. Les enfants nés de mères obèses avaient un risque significativement plus élevé, proportionnel au niveau d’obésité : 1,10 (IC95 % = [1,05 ; 1,16]) pour une mère en obésité modérée (30 ≤ IMC < 35) ; 1,20 (IC95 % = [1,13 ; 1,27]) si obésité sévère (35 ≤ IMC < 40) et 1,39 (IC95 % = [1,31 ; 1,47]) si obésité massive (IMC ≥ 40).
Selon eux, l’obésité maternelle devrait donc être ajoutée à la liste des facteurs de risque connus de la MIN. Toutefois, le codage des causes de décès était trop imprécis pour proposer des mécanismes causaux à cette association. Les chercheurs évoquent plusieurs hypothèses : la pratique du co-dodo, ou alors des problèmes de santé du nourrisson liés à l’apnée du sommeil – plus fréquente chez les patients obèses – de la mère durant la grossesse.