L’orientation de la personne âgée vers un pédicure-podologue s’impose dans de nombreuses situations (difficulté de marche, douleurs…), mais aussi en cas de pathologies chroniques (diabète, obésité, maladies neurodégénératives ou rhumatismales). Il faut aussi y penser chez les patients avec une pathologie unguéale ou sous anticancéreux.

Après une évaluation médicale, le patient âgé est adressé vers un pédicure-podologue en cas de :

  • perte d’autonomie ;
  • difficulté de marche ;
  • troubles statiques et dynamiques ;
  • douleurs aux pieds ;
  • risque de chute (pour un bilan diagnostique en pédicurie-podologie).

Certaines pathologies chroniques nécessitent une surveillance particulière.

Diabète : bilan systématique

Le diabète augmente le risque de plaies pouvant conduire à des amputations. Il est recommandé de réaliser tous les ans, chez tous les patients diabétiques, un dépistage du risque podologique, qui détermine le grade de risque lésionnel et l’orientation sur une prise en charge spécifique, les mesures préventives et la fréquence de suivi.

Il est essentiel d’informer les patients sur les facteurs déclenchants/favorisants :

  • chaussure inadaptée ;
  • marche pieds nus ;
  • chaussettes/bas/collants dont les coutures distales créent des pathologies pulpaires ou unguéales ;
  • dispositifs de compression veineuse trop serrés, mal positionnés, usagés, déchirés ;
  • sécheresse cutanée ;
  • auto-soins ;
  • ongle traumatisant ;
  • anomalies pré-lésionnelles : fissures, mycose, crevasses ;
  • hyperkératose ou conflit mécanique ;
  • troubles statiques et dynamiques ;
  • corps étranger dans la chaussure.

Les orthèses plantaires ont un rôle capital :

  • en prévention primaire de l’ulcération ;
  • en prévention secondaire, elles peuvent être utilisées à visée de décharge de mal perforant. Dans ce cas, elles doivent évoluer en fonction de la cicatrisation ;
  • elles doivent être portées en permanence, y compris au domicile, dans un chaussant adapté ;
  • en cas de douleur, rougeur, conflit avec l’orthèse : interrompre le port en attendant leur modification rapide ;
  • leur prescription par un médecin est indispensable pour la prise en charge par les organismes sociaux ;
  • elles peuvent être renouvelées une à deux fois par an ;
  • leur « durée de vie » maximale est de 1 an.

Obésité

L’obésité entraîne des troubles statiques et dynamiques. Il est recommandé que les pédicures-podologues adaptent les traitements instrumentaux et orthétiques (orthèses plantaires, orthoplasties, orthonyxies) aux patients au cas par cas, et qu’ils donnent aux patients des conseils de chaussures. L’utilisation de cannes adaptées peut être proposée.

Infections fongiques

Des règles d’hygiène permettent de limiter le risque de mycose.

Un prélèvement mycologique est nécessaire pour affirmer le diagnostic d’onychomycose et entreprendre le traitement approprié. En cas de résultat négatif, répéter le test (risque de faux négatif).

Le traitement n’est pas systématique. Il faut prendre en compte : le terrain (sujet âgé, antécédent d’érysipèle) ; le retentissement (douleurs, gène à la marche, esthétique) ; les limites (choix du patient, observance, efficacité, effets secondaires).

Le pédicure-podologue peut réaliser des soins préalablement au traitement des onychomycoses (local et/ou systémique) :

  • une découpe de toutes les tablettes décollées (avulsion mécanique) avec surveillance de la repousse pour éviter l’ongle incarné ;
  • le fraisage/curetage répété des hyperkératoses ;
  • le curetage des hématomes sous-unguéaux ;
  • une onycholyse chimique.

Effets secondaires des traitements anti-cancéreux (syndrome main-pied, onycholyse, paronychie)

Les atteintes cutanées, unguéales et périunguéales secondaires à certaines chimiothérapies et thérapies ciblées peuvent affecter la qualité de vie du patient, ainsi qu’entraîner une répercussion sur le traitement anticancéreux (suspension temporaire, changement de molécule…).

Un suivi régulier par un pédicure-podologue est recommandé  :

  • avant le traitement anti-cancéreux ;
  • pendant toute la durée du traitement (soins de pédicurie pendant les semaines de pause du traitement) ;
  • et en cas de zones d’hyperkératose préexistantes.

Les conseils de chaussage sont essentiels :

  • porter des chaussures amples et confortables ;
  • préférer les chaussettes en coton aux chaussettes synthétiques ;
  • préférer des bas de contention sans couture traumatisante.

Enfin, le patient doit être éduqué pour reconnaître les signes précurseurs des complications d’atteintes cutanées, unguéales, périunguéales, ou par un granulome pyogénique.

Affections rhumatismales

En cas d’arthrose, polyarthrite rhumatoïde, spondyloarthrite, rhumatismes métaboliques et endocriniens (goutte et chondrocalcinose), un bilan diagnostic en pédicurie-podologie est préconisé.

On évalue ensuite au cas par cas la nécessité et le rythme :

  • des soins instrumentaux ;
  • d’un traitement orthétique préventif, palliatif, correctif (en présence d’un trouble statique ou dynamique du pied) ;
  • des semelles épidermiques ;
  • de cannes adaptées ;
  • de chaussures adaptées, voire des chaussures thérapeutiques de série : CHUT ou CHUP  ;
  • des orthèses .

En particulier, dans la polyarthrite rhumatoïde, il est recommandé de prescrire des orthèses plantairesdès le début de la maladie, notamment en prévention des déformations et à la moindre atteinte inflammatoire, articulaire et du tendon du muscle tibial postérieur.

En cas de spondyloarthrite ankylosante, adresser le patient au pédicure-podologue s’il a des difficultés lors de ses activités quotidiennes et/ou une atteinte unguéale.

Dans les arthropathies microcristallines, en dehors des poussées inflammatoires, des orthèses plantaires sont indiquées à visée antalgique et fonctionnelle.

Maladies neurodégénératives

Tout d’abord, il faut contrôler si le patient a la capacité de réaliser ses soins d’hygiène des pieds et le sensibiliser aux conseils de chaussage.

Dans la maladie de Parkinson et les syndromes apparentés, le pédicure-podologue est l’un des acteurs dans la prise en charge des troubles de la marche et posturaux.

Dans la maladie d’Alzheimer ou apparentée, il n’y a pas de prise en charge podologique spécifique. Il est recommandé de faire preuve de bienveillance et d’empathie envers ces patients pour parvenir à pratiquer les soins instrumentaux et/ou orthétiques.

Dans cet article

Ce contenu est exclusivement réservé aux abonnés

Une question, un commentaire ?