En France, on compte environ 30 000 accidents ischémiques transitoires (AIT) par an. Défini comme « un déficit transitoire lié à une ischémie cérébrale ou rétinienne sans signe d’AVC à l’imagerie », l’AIT questionne les chercheurs. Si de précédentes études suggèrent un lien entre AIT et déficit cognitif à long terme, cette relation reste peu comprise. Ce phénomène est-il directement lié à l’AIT, à des facteurs de risque cardiovasculaires préexistants ou à un déclin cognitif antérieur ?
Pour déterminer si l’AIT est un facteur de risque de déclin cognitif indépendant des facteurs de risque de démence déjà connus (AVC, hypertension, diabète, fibrillation atriale, etc.), des chercheurs ont entrepris une analyse secondaire de la cohorte REGARDS, incluant 30 239 Américains. Les scientifiques ont utilisé les tests d’aisance verbale et de mémoire réalisés biannuellement dans REGARDS. Leur objectif : déterminer l’effet d’un AIT, comparé à celui d’un AVC, sur les performances cognitives des patients. Les patients de REGARDS n’ayant subi ni AVC ni AIT ont constitué le groupe contrôle. Le critère de jugement principal était une mesure composite de la cognition, basée sur les quatre tests cognitifs réalisés tous les deux ans dans REGARDS. Les résultats de l’étude ont été publiés en février 2025 dans le JAMA Neurology.
En tout, 16 203 participants ont été inclus dans leurs analyses. Au cours d’un suivi moyen d’environ 14 ans, 356 personnes ont subi un AIT (âge moyen = 66,6 ans, 53 % de femmes), 965 un AVC (âge moyen 66,8 ans, 49 % de femmes) et 14 882 personnes étaient dans le groupe contrôle asymptomatique (âge moyen = 63,2 ans, 57 % de femmes).
Après l’AIT, en prenant en compte les facteurs confondants (démographiques et facteurs de risque vasculaire), le déclin annuel du score cognitif composite était similaire dans les groupes AVC et AIT, et plus prononcé que dans le groupe contrôle.
Les auteurs en déduisent que malgré sa résolution rapide, l’AIT a un effet suffisant pour être indépendamment associé au déclin cognitif à long terme. Bien que les mécanismes sous-jacents restent à élucider, ces résultats soulignent la nécessité de réévaluer la prise en charge post-AIT et de dépister régulièrement les changements cognitifs.