Le minoxidil topique est le traitement de référence de l’alopécie androgénique, mais ses effets secondaires (irritation du scalp, pellicules) compliquent parfois l’observance. Le finastéride per os est également utilisé chez les hommes, au prix de nombreux effets indésirables. Il existe donc un intérêt croissant pour le minoxidil par voie orale à faible dose, parfois prescrit hors AMM dans cette indication (cette molécule, à plus haute dose, est utilisée pour traiter l’hypertension).
Toutefois, aucun essai randomisé n’avait permis jusqu’à présent de comparer l’efficacité des deux formes galéniques du minoxidil chez les hommes. C’est chose faite, grâce à une étude brésilienne qui vient de paraître dans le JAMA.
Pas de différence significative
Cet essai randomisé en double aveugle contre placebo a recruté, entre janvier et décembre 2021, 90 hommes âgés de 18 à 55 ans, ayant une alopécie androgénique légère à modérée (grades 3V à 5V selon l’échelle de Norwood-Hamilton). Parmi eux, 68 ont complété l’étude (âge moyen : 36,6 ans). Un traitement pour l’alopécie dans les 6 mois précédant l’inclusion était un critère d’exclusion, tout comme la présence d’une cardiopathie, une néphropathie ou une dermatose du scalp.
Pendant 24 semaines, 33 participants ont reçu le traitement per os (minoxidil oral 5 mg/jour et une solution topique placebo) et 35 le traitement topique (placebo oral et 1 mL de minoxidil topique 5 % à appliquer deux fois par jour). Les deux groupes avaient les mêmes caractéristiques démographiques et le même degré d’alopécie.
L’évolution de la densité capillaire des cheveux terminaux (de 0,06 mm de diamètre ou plus) sur la zone frontale et le vertex entre le début et la fin du traitement était le critère principal de jugement. La densité capillaire totale et l’évaluation photographique des changements par plusieurs dermatologues, ainsi que la présence d’effets indésirables, étaient des critères secondaires.
À la fin du traitement, il n’y avait pas de différence significative entre les deux groupes :
- ni sur la densité des cheveux terminaux sur la zone frontale : différence moyenne de 3,1 cheveux par cm2 (IC95 % : - 18,2 à 21,5) ;
- ni sur la densité capillaire totale sur la zone frontale : différence moyenne de 2,6 cheveux par cm2 (IC95 % : - 10,3 à 15,8) ;
- ni sur la densité capillaire totale sur le vertex : différence moyenne de 5,5 cheveux par cm2 (IC95 % : - 12,5 à 23,5).
En revanche, sur le vertex, la différence de densité des cheveux terminaux entre les deux groupes était de 23,4 cheveux/cm2 (IC95 % : - 0,3 à 43,0), en faveur du minoxidil oral. De plus, l’analyse des photographies a trouvé que celui-ci était supérieur au topique sur cette même zone : 70 % des patients prenant la forme orale ont eu une amélioration visible, contre 46 % dans le groupe contrôle. Ce n’était pas le cas pour la zone frontale (différence de 12 points entre les deux groupes).
L’hypertrichose et les céphalées étaient les effets indésirables les plus fréquemment rapportés dans le groupe prenant le minoxidil oral : respectivement 49 % et 14 % des participants, contre 25 % et 2 % dans le groupe contrôle. Les effets indésirables locaux (prurit et eczema) étaient plus fréquents dans ce dernier. Par ailleurs, il n’y avait pas de différence entre les groupes concernant les paramètres cardiovasculaires (fréquence cardiaque, pression artérielle).
La forme orale n’est donc pas supérieure à la forme topique en matière d’efficacité, selon ces résultats. Néanmoins, les auteurs signalent que, vu sa bonne tolérance, elle peut être envisagée pour les patients qui ne voudraient pas utiliser la forme topique.
Étant donné la petite taille de l’échantillon et la proportion élevée de patients perdus de vue durant le suivi, d’autres essais avec de plus grandes cohortes sont nécessaires pour confirmer ces résultats.