La France est le deuxième pays le plus consommateur de benzodiazépines en Europe après l’Espagne : en 2024, plus de 9 millions de personnes ont été traités par un de ces médicaments. Alors que leur utilisation est associée des risques importants – dépendance, chutes, troubles de la mémoire, somnolence, risques liés à la conduite… – un patient sur trois considère qu’il ne prend aucun risque en utilisant ce traitement. D’où la nécessité de sensibiliser la population à ces risques et au bon usage de ces molécules.
Un message pour le public : les benzodiazépines ne sont qu’une aide temporaire
L’ANSM a donc lancé une campagne de sensibilisation nationale pour rappeler que ces médicaments doivent être prescrits sur la durée la plus courte possible car il s’agit d’aides uniquement temporaires pour atténuer les symptômes de l’anxiété ou l’insomnie, et non d’un traitement de la cause.
Les durées maximales d’utilisation sont :
- de quelques jours à 3 semaines pour l’insomnie ;
- au maximum 12 semaines pour l’anxiété.
Plusieurs supports d’information pour le public (v. ci-contre) visent à promouvoir les thérapies comportementales, rappelant qu’il s’agit de la seule prise en charge de ces troubles qui puisse durer sur le long terme : des affiches, dépliants et vidéos déclinant ce message sont disponibles sur ce lien.
Trois publics sont majoritairement concernés par cette campagne :
- les jeunes adultes de 18 à 25 ans : près d’une personne sur quatre de moins de 30 ans, prenant ou ayant pris des benzodiazépines déclare à l’ANSM ne pas connaître les risques de dépendance ou le risque pour la conduite et l’utilisation de machines associés à ces médicaments ;
- les seniors de plus de 65 ans : population la plus consommatrice de benzodiazépines et la plus concernée par le mésusage, avec des prescriptions souvent sur de très longues durées et des risques importants avec des conséquences potentiellement graves (chutes, notamment).
- les professionnels de santé : en priorité médecins et pharmaciens, pour favoriser le bon usage de ces médicaments et le relais de ces messages auprès des patients.
Mesures pratiques pour les professionnels
Pour les médecins généralistes, une vidéo et un dépliant ont été élaborés en collaboration avec le CMG (à retrouver ici et ici). Il leur est notamment recommandé :
- d’envisager des alternatives non médicamenteuses en première intention ou en association avec la benzodiazépine : meilleure application des règles d’hygiène du sommeil (agenda du sommeil, etc.), pratique d’une activité physique ou de relaxation, meilleure hygiène alimentaire…
- d’orienter pour une prise en charge psychologique adaptée, le cas échéant ;
- prévoir, dès l’initiation du traitement, son arrêt et de programmer un nouveau rendez-vous à courte échéance pour faire le point et préparer l’arrêt.
Pour rappel, ces médicaments ne sont pas indiqués dans les manifestations anxieuses ou troubles du sommeil légers à modérés.
Par ailleurs, des petits conditionnements (5 à 7 comprimés) sont disponibles, adaptés aux courtes durées de traitement.