Prévue dans le plan « Ma santé 2022 », la nouvelle fonction d’assistant médical est en cours de négociation ; 4 000 postes devraient être créés d’ici à 2022. Objectif : permettre aux médecins de se concentrer sur leurs missions de soins, dans un contexte de démographie médicale tendue.
Pour bénéficier d’un assistant médical, le médecin devrait exercer en zone sous-dense, ou dans un cabinet avec au moins 2 praticiens, et s’engager à favoriser l’accès aux soins sur son territoire. Il lui faudrait augmenter sa patientèle et/ou son nombre de consultations dans un délai de 2 ans : le forfait annuel de financement serait de 36 000 € par cabinet la première année, puis 25 000 €. Après 2 ans, cette aide passerait à 21 000 € si le médecin parvient à un objectif de hausse d’activité calculé sur la taille de sa patientèle.
Qu’en pensent les médecins remplaçants et jeunes installés ? Qu’attendent-ils de ce nouveau métier ? En mars-avril 2019, le syndicat ReAGJIR (Regroupement autonome des médecins généralistes jeunes installés et remplaçants) a élaboré et diffusé un questionnaire auprès de ses adhérents. Voici les résultats.
Diminuer le temps administratif est un souhait majoritaire. 60 % des médecins interrogés délègueraient ainsi l’encaissement, la tâche de relever les impayés, et de contacter les caisses ou les mutuelles. 25 % confieraient à l’assistant médical la mission de tenir à jour les dossiers des patients, vérifier leurs coordonnées et leur couverture sociale.
31 % désirent déléguer la numérisation des courriers médicaux et leur intégration dans les dossiers ; 22 % voudraient une aide pour la prise de rendez-vous, notamment auprès des spécialistes. Ils seraient également prêts à déléguer – sous réserve de vérification – la rédaction des bons de transports (22 %), des certificats d’arrêts de travail de courte durée (19 %) et pour certains les demandes d’ALD ou les certificats MDPH (11 %).
Pour les gestes médicaux, les interrogés sont plus mitigés. La moitié confierait la prise des constantes (poids, taille, pression artérielle), 20 % la réalisation de tests urinaires ou des vaccins. Mais 25 % déclarent ne rien vouloir déléguer, pour préserver le lien avec le patient – soulevant la question de la frontière entre geste social et geste médical.
Les assistants pourraient participer à la vérification des dépistages organisés (43 %) et des vaccinations (30 %). Pour certains (15 %), une implication dans les programmes d’éducation thérapeutique est envisagée. Mais 19 % émettent des réserves : la prévention et le dépistage font, pour eux, partie intégrante des missions essentielles du médecin généraliste. De plus, ces fonctions font doublon avec celles des infirmières ASALEE (Action de santé libérale en équipe), existant depuis 2004 et en plein essor.
Les assistants pourraient contacter les professionnels participant à la prise en charge du patient (22 %) et les services sociaux (21 %). Mais là encore, la redondance avec le métier d’infirmière coordinatrice est soulignée.
Restreindre l’assistant médical aux médecins exerçant en zones sous-denses ou aux cabinets d’au moins 2 praticiens est un non-sens pour 43 % : les médecins installés seuls étant souvent ceux qui ont le plus besoin d’une décharge administrative. A contrario, exercer en groupe n’est pas forcément le gage d’une pratique coordonnée.
Les jeunes médecins sont globalement d’accord sur le fait de s’engager dans un tel exercice (41 %), mais 68 % sont contre une augmentation imposée de leur file active et 78 % contre les objectifs chiffrés d’accroissement de patientèle en guise de contrepartie.
La crainte est évidemment celle d’une médecine d’abattage, où la quantité fait perdre en qualité et en humanité. Les autres freins sont financiers : devoir assumer les obligations relatives à la gestion d’un autre salarié, et matériels, puisque beaucoup se demandent comment créer un local dédié.
À l’issue de cette réflexion, 52 % des interrogés ne prendraient pas d’assistant médical, 25 % ne savent pas – seuls 22 % répondent oui.
Plutôt que créer une fonction supplémentaire, ne faudrait-il pas plutôt revaloriser les actes et les métiers existants, favoriser une plus grande intégration des infirmières ASALEE, permettre aux médecins de financer et de former une secrétaire à la gestion des dossiers ? Enfin et surtout, avant de vouloir « faire davantage », l’objectif ne serait-il pas plutôt de réussir à préserver la qualité de soins ?
Conclusion ? ReAGJIR et ses adhérents demandent encore à être convaincus…