La dépression est une comorbidité fréquente du trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) chez l’adulte. Cependant, la prescription combinée du méthylphénidate et d’un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS) suscite des inquiétudes quant à sa sécurité. Une vaste étude de cohorte nationale menée en Corée du Sud, publiée dans le JAMA, est édifiante.

La prescription concomitante de méthylphénidate et des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine est fréquente chez les adultes ayant un TDAH et une dépression.

Toutefois, des données de grande échelle manquent sur la sécurité de cette association, alors que des études de petite taille pointent vers un sur-risque d’effets indésirables comme les céphalées, la perte de poids et les palpitations. Pour évaluer sur un plus grand échantillon la sécurité de l’administration concomitante d’ISRS et de méthylphénidate dans cette population, des médecins sud-coréens ont mené une étude de cohorte à ce sujet.

Cette étude observationnelle rétrospective a extrait d’une base de données nationale les dossiers de 17 234 adultes sud-coréens souffrant de TDAH et de dépression (âge moyen = 29,4 ans, écart-type = 10,8 ans ; 52,7 % de femmes) qui ont reçu une prescription de méthylphénidate entre janvier 2016 et février 2021. Dans cet échantillon, les auteurs ont effectué la comparaison entre patients sous méthylphénidate seul et patients sous méthylphénidate + ISRS.

Les événements indésirables neuropsychiatriques (comme les tics, la manie, les troubles du sommeil, ou de l’anxiété) étaient le critère de jugement principal, tandis que les critères secondaires concernaient les autres événements indésirables (douleurs abdominales, mal de tête, nausées, etc.). Les patients des deux groupes, répartis suivant un ratio 1 :1, ont été choisis de manière à limiter l’impact des facteurs confondants sur l’analyse finale.

Les résultats ont été publiés dans le JAMA Network Open. Il n’y avait pas de différence dans le risque de survenue d’événements indésirables entre les groupes méthylphénidate seul et méthylphénidate + ISRS, hormis pour les céphalées : ces dernières étaient moins fréquentes dans le groupe méthylphénidate + ISRS (hazard ratio = 0,50 ; IC95 % = [0,24 ; 0,99]).

Les auteurs en concluent que la combinaison des ISRS et du méthylphénidate chez les patients adultes souffrant de TDAH et de dépression n’est pas associée à une augmentation significative du risque d’événements indésirables.

Pour en savoir plus
Lee DY, Kim C, Shin Y, et al. Combined Methylphenidate and Selective Serotonin Reuptake Inhibitors in Adults With Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder.  JAMA Netw Open 2024;7(10):e2438398.

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