Depuis 1922, date de la première vie sauvée par l’insuline, la technologie a considérablement progressé. L’administration continue d’insuline chez des personnes atteintes de diabète de type 1 est devenue possible dès le diagnostic. Des pompes combinées à des algorithmes et des systèmes connectés permettent une diffusion automatisée d’insuline. La boucle fermée hybride, appelée également pancréas artificiel, est aujourd’hui opérationnelle, mais il faut bien en comprendre les avantages, contraintes et limites afin d’en optimiser l’efficacité thérapeutique. Le traitement par insuline doit subvenir aux besoins physiologiques lors du diabète de type 1. Les enjeux thérapeutiques sont doubles : éviter le coma acidocétosique et obtenir un bon contrôle de la glycémie pour limiter les complications chroniques, notamment la rétinopathie, la néphropathie et la neuropathie. Or la variabilité glycémique n’est pas reflétée par le dosage de l’hémoglobine glyquée. L’introduction de la mesure continue du glucose a permis de modéliser les besoins en insuline afin de permettre une automatisation partielle du traitement avec une pompe à insuline pilotée par un algorithme approprié.
Une boucle fermée est un système qui délivre l’insuline par voie sous-cutanée grâce à une pompe externe, effectue la mesure continue du glucose interstitiel avec un capteur, intègre un algorithme faisant le lien entre la pompe et le capteur, avec possibilité d’un suivi des données par télésurveillance médicale. Elle permet d’optimiser la régulation glycémique sans augmentation des hypoglycémies sévères. Les utilisateurs témoignent d’une nette amélioration de leur qualité de vie et de leur sommeil du fait de la stabilité de l’équilibre obtenu. Une boucle fermée dite hybride correspond à un système qui n’est pas entièrement ajusté automatiquement, en particulier pour l’insuline prandiale que l’utilisateur doit toujours doser manuellement (bolus repas). À l’heure actuelle, il n’existe aucun dispositif pouvant être considéré comme une boucle totalement fermée, et la gestion de la glycémie lors des repas, sports, maladies intercurrentes nécessite encore des progrès techniques. Les facteurs humains à prendre en compte nécessitent une formation, puis l’adhésion au système. Cette nouvelle prise en charge est une révolution, avec des niveaux de contrôle inégalés, au prix d’une charge mentale moindre. C’est aussi une transformation des pratiques nécessitant la formation des professionnels de santé ainsi que l’adaptation des organisations sanitaires et leur financement.
Charles Thivolet, diabétologue-endocrinologue, service de diabétologie, Hospices civils de Lyon, Lyon, France
21 janvier 2025