Pour la première fois, un essai contrôlé randomisé de bonne qualité a comparé l’efficacité d’une intervention chirurgicale à celle des injections de corticoïdes sur la rémission au long cours du syndrome du canal carpien. Les résultats sont parus dans le Lancet.

Maladie particulièrement fréquente après 45 ans, le syndrome du canal carpien aurait une prévalence de 0,6 à 5,8 %. En France, environ 125 000 personnes sont opérées chirurgicalement chaque année de cette maladie. Avant d’en arriver à cette option, la Haute Autorité de santé recommande d’utiliser les orthèses à porter de nuit pendant les poussées de douleur, ou les infiltrations de corticoïdes. Toutefois, même si les approches médicales et chirurgicales ont fait leurs preuves, l’approche à privilégier en première intention reste incertaine faute d’essais randomisés de taille suffisante.

C’est chose faite : des neurologues néerlandais ont mené un essai randomisé contrôlé ouvert multicentrique aux Pays-Bas. Dans 31 hôpitaux, 934 patients souffrant d’un syndrome du canal carpien (confirmé par examen électrophysiologique ou échographique) ont été recrutés. Les options de traitement comportaient à la fois la chirurgie et les infiltrations corticoïdes. Les symptômes devaient être présents depuis au moins 6 semaines. Les patients ayant eu une chirurgie ou des infiltrations pour un syndrome du canal carpien moins d’un an auparavant étaient exclus.

Les patients ont été randomisés suivant un ratio  1 :1 dans le groupe chirurgie (N = 468 patients, âge médian = 59,0 ans, 57 % de femmes) ou dans le groupe infiltrations (N = 466 patients, âge médian = 58,0 ans, 59 % de femmes), puis suivis tous les 3 mois jusqu’à 18 mois après leur intervention. Le critère de jugement principal était la proportion de patients en rémission à 18 mois ; la rémission étant définie comme l’absence de symptômes ou la présence de symptômes légers, soit un score < 8 sur l’échelle CTS- 6 – une échelle d’évaluation des symptômes qui va de 6 (le mieux) à 30 (le pire). Les critères secondaires incluaient les événements indésirables rapportés par les participants sur les 18 mois d’étude.

Les résultats ont été publiés dans le Lancet . À 18 mois, les chercheurs avaient des données sur le critère de jugement principal pour 805 des participants (soit 86 %). Dans le groupe chirurgie, 61 % des participants étaient en rémission, contre 45 % dans le groupe infiltrations, soit une différence significative (risque relatif = 1,36 ; IC95 % = [1,19 ; 1,56] ; p < 0,0001). La proportion d’effets indésirables était similaire entre les deux groupes. 

Pour les auteurs, ces résultats montrent qu’initier le traitement avec la chirurgie plutôt qu’avec les injections de corticoïdes offre de meilleures chances de rémission à long terme aux patients atteints de syndrome du canal carpien.

Pour en savoir plus
Palmbergen WA, Beekman R, Heeren AM, et al. Surgery versus corticosteroid injection for carpal tunnel syndrome (DISTRICTS): an open-label, multicentre, randomised controlled trial.  Lancet 2025;405(10495);P2153-63.

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