La chasse aux marqueurs plus performants que le PSA pour le dépistage individuel du cancer de la prostate se poursuit. Au Royaume-Uni, des chercheurs ont conçu un test qui permet de mieux détecter les tumeurs agressives que le PSA. Leurs résultats sont parus dans le NEJM .

Étant donné le manque de spécificité du dosage du PSA (prostate specific antigen) – qui ne permet pas de différencier les tumeurs agressives nécessitant un traitement des indolentes qui sont seulement à surveiller –, l’indication éventuelle d’une biopsie est posée grâce à l’IRM, couplée à des algorithmes décisionnels intégrant d’autres critères outre le PSA (antécédents personnels et familiaux, volume de la prostate, etc.). Mais d’autres outils sont à l’étude, comme des tests sanguins ou urinaires cherchant des marqueurs génétiques ou épigénétiques, ou encore des protéines associées à la progression tumorale

La piste des scores de risque polygénique est aussi explorée. Dans une étude récente, une équipe britannique en a conçu un, fondé sur un panel de 130 polymorphismes mononucléotidiques (SNP) dont l’association à un sur-risque de cancer de la prostate est connue. En effet, si une petite proportion du risque génétique pour ce cancer est due à des variants rares dans les gènes de réparation de l’ADN (par exemple, BRCA1 et BRCA2), une plus grande proportion est due à l’effet combiné de plusieurs variants à faible risque que sont les SNP.

La cohorte étudiée comprenait des hommes âgés de 55 à 69 ans d’ascendance européenne recrutés au Royaume-Uni en 2019 (les SNP utilisés dans ce panel concernant seulement les populations d’ascendance européenne, le score n’était valable que dans ce type de population). Les participants ne devaient pas avoir d’antécédent personnel de cancer de la prostate, ni de biopsie prostatique dans l’année précédente.

Sur les 6 393 participants dont le score de risque polygénique a été calculé, 745 (11,7 %) avaient un score considéré à haut risque : situés dans le 90e percentile, ils avaient tous un risque absolu de cancer de la prostate à 10 ans supérieur ou égal à 3,8 % ; 20 % d’entre eux avaient un antécédent familial au 1er ou 2degré de cancer de la prostate.

Ces hommes considérés comme « à haut risque » ont donc été invités à réaliser une IRM et une biopsie, indépendamment de leurs niveaux de PSA ; 468 d’entre eux ont accepté et 187 cas de cancer de la prostate ont ainsi été diagnostiqués (soit 40 % des sujets ; âge moyen au diagnostic : 64 ans). Un peu plus de la moitié de ces patients (55,1 %) avaient une tumeur dont l’agressivité justifiait un traitement (score Gleason ≥ 7).

Or 71,8 % de ces patients, dont le cancer était agressif, n’auraient été diagnostiqués ni traités s’ils avaient suivi les recommandations actuellement en vigueur au Royaume-Uni (PSA élevé et résultat positif à l’IRM). À l’inverse, la quasi-totalité des tumeurs d’agressivité basse ou très basse (97,6 %) détectées dans cette cohorte n’aurait pas été diagnostiquée en suivant les recommandations actuelles.

Toutefois, les auteurs ont estimé que le risque de surdiagnostic concernait 20 % des cancers détectés dans cette cohorte (période de latence supérieure à l’espérance de vie des patients). Ce risque est proche de celui consigné dans les études évaluant une stratégie de dépistage par le PSA.

Ils en ont conclu que, si le dépistage fondé sur ce score de risque polygénique a montré une meilleure détection des cancers agressifs que l’utilisation du PSA et de l’IRM, d’autres études sont nécessaires avant de recommander l’inclusion de ce type de scores comme un outil supplémentaire du dépistage. Il s’agirait notamment de répliquer ces résultats sur d’autres cohortes, plus vastes mais aussi d’ascendance extra-européenne avec des scores dédiés, et de mieux évaluer sa balance bénéfices/risques et son rapport coût/efficacité.

Pour le moment, l’idée qu’un score de risque polygénique soit la première étape du dépistage de ce cancer se heurte à plusieurs limites, comme le souligne un l’éditorial du NEJM qui accompagne cet article : investissement important dans la gestion et l’analyse de données génétiques, traitement sensible de celles-ci, autres possibilités à l’étude qui seraient sans doute moins coûteuses (biomarqueurs sanguins et urinaires)…

Pour en savoir plus
McHugh JK, Bancroft E, Saunders E, et al. Assessment of a Polygenic Risk Score in Screening for Prostate Cancer.  N Engl J Med 2025;392(14):1406-17.
Hunter DJ. A Polygenic Risk Score in Practice. N Engl J Med 2025;392(14):1444-6.

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