Le cancer du pancréas, dont 90 % des cas sont des adénocarcinomes canalaires pancréatiques (ACP), a un pronostic sombre (11 % de survie à 5 ans), notamment parce qu’il est diagnostiqué à un stade tardif en raison de ses symptômes non spécifiques. Or la survie à 5 ans atteint 44 % lorsque l’ACP est diagnostiqué à un stade précoce, localisé (stades 1 et 2). Un biomarqueur, l’antigène carbohydrate 19 - 9 (ou CA 19 - 9), est déjà employé pour déterminer la réponse au traitement de l’ACP, mais ne détecte pas bien les ACP précoces asymptomatiques.
Des chercheurs américains ont donc développé un nouveau test pour identifier l’ACP, même au stade précoce, à partir d’un échantillon sanguin. Pour ce faire, les auteurs ont recherché le meilleur biomarqueur sanguin parmi des peptides clivés par des protéases. En effet, l’activation des protéases est un indicateur de progression cancéreuse, et elle peut être observée de manière indirecte par le clivage de peptides par ces protéases. Les chercheurs ont ainsi évalué 12 sondes peptidiques, clivables par des protéases, dans des échantillons de malades et de contrôles sains.
À l’issue de plusieurs tests, les auteurs ont retenu un peptide, clivable par la protéase MMP2, comme étant la sonde la plus apte à repérer les ACP de stade précoce (et efficace également sur les autres stades). Ils ont ensuite développé un test à l’aide de cette sonde, appelé PAC-MANN. Ce test à haut débit est capable de distinguer dans 8 µL de sérum l’activité du peptide retenu. En l’essayant sur une cohorte rétrospective (n = 178 personnes), les chercheurs trouvent que PAC-MANN identifie correctement l’ACP avec une spécificité de 98 % et une sensibilité de 73 % – tous stades confondus – et identifie correctement 100 % des patient n’ayant pas un ACP.
Si ce test n’est pour l’instant réalisable qu’en laboratoire et reste à un stade précoce de validation, les auteurs concluent que leur dispositif « a du potentiel pour servir de base à un test de détection précoce de l’ACP, sensible, peu coûteux, et déployable à grande échelle, utilisable régulièrement chez les patients à haut risque ou en population générale ».