Une étude publiée en août 2025 dans le Lancet par une équipe de l’institut Curie nuance l’utilité de la chimiothérapie adjuvante après chirurgie, en démontrant qu’elle n’apporte pas de bénéfice significatif de survie chez les femmes âgées de 70 ans et plus atteintes d’un cancer du sein.L’hormonothérapie est un traitement adjuvant standard pour les femmes âgées atteintes d’un cancer du sein hormonosensible positif aux récepteurs des oestrogènes (ER+) et HER2 négatif, mais le rôle de la chimiothérapie est débattu. Des chercheurs de l’institut Curie ont donc évalué l’impact d’une chimiothérapie adjuvante sur le taux de survie globale de patientes souffrant d’une tumeur de ce type à haut risque, selon le genomic grade index (GGI). Un essai de supériorité randomisé de phase III (ASTER 70s) a été mené sur 1 089 patientes à partir de 70 ans (âge médian : 75,1 ans) avec des tumeurs à haut risque GGI, dans 84 centres en France et en Belgique. Les patientes avaient subi une chirurgie pour un cancer du sein ER+ primaire ou en rechute (forme localisée). Environ 40 % de la cohorte (n = 437) avait une fragilité gériatrique. Les patientes ont été réparties suivant un ratio 1 :1 en deux groupes de manière aléatoire : le premier (n = 541) a reçu quatre cycles de chimiothérapie à base de taxane ou d’anthracycline toutes les trois semaines suivis d’une hormonothérapie, le deuxième (n = 548) a reçu une hormonothérapie seule.Après un suivi médian de 7,8 ans, les résultats montrent que l’ajout de la chimiothérapie en complément de l’hormonothérapie n’apporte pas de bénéfice significatif en matière de survie globale. À quatre ans, le taux de survie était de 90,5 % dans le groupe avec chimiothérapie contre 89,3 % dans le groupe sans. À huit ans, les taux étaient de 72,7 % et 68,3 %, respectivement, sans différence significative entre les deux groupes. Sur le plan de la tolérance, la chimiothérapie s’est révélée nettement plus toxique que l’hormonothérapie. Des effets indésirables de grade ≥ 3 ont été observés chez 34 % des patientes du groupe avec chimiothérapie contre 9 % dans le groupe sans. Une détérioration significative de la qualité de vie des patientes du premier groupe a également été constatée avec fatigue, chute des globules blancs, anémie, fièvre, troubles digestifs et baisse d’autonomie.Selon les auteurs, ces résultats incitent à privilégier une stratégie de désescalade thérapeutique raisonnée chez ces patientes âgées, en réservant la chimiothérapie adjuvante à des cas spécifiques.

Référence
LANCET 2025;406(10502):489-500. Brain E, Mir O, Bourbouloux E, et al. Adjuvant chemotherapy and hormonotherapy versus adjuvant hormonotherapy alone for women aged 70 years and older with high-risk breast cancer based on the genomic grade index (ASTER 70s): A randomised phase 3 trial.PMID: 40752909