Maryvonne, 72 ans, consulte pour une toux insomniante, persistant depuis plus d’une semaine.  L’examen clinique révèle la présence de sibilants dans les deux champs pulmonaires. Compte tenu de ses antécédents d’asthme allergique, une association de bêta- 2 -mimétiques et corticoïdes inhalés lui est prescrite. La survenue d’une dysphonie, d’une dysphagie et de brûlures au niveau lingual (figure) la fait consulter à nouveau.
Texte

Les corticoïdes inhalés sont une thérapeutique incontournable des patients asthmatiques. Leur association à un bêta- 2 -mimétique est fortement recommandée chez les patients ayant un recours trop fréquent au salbutamol inhalé. Cependant, ils ont des conséquences sur la sphère oropharyngée : seuls 10 à 60 % des corticoïdes inhalés atteignent les bronches et entre 40 et 90 % se déposent sur la muqueuse oropharyngée.

Deux effets indésirables sont ainsi classiquement décrits :

  • la candidose : 3,6 fois plus fréquente que dans la population générale, elle peut survenir dès les trois premiers mois de traitement. Son origine semble liée à une augmentation du glucose salivaire et à un déficit immunitaire local avec diminution des immunoglobulines A totales salivaires, effet fréquemment majoré par certaines pathologies chroniques comme le diabète ou l’immunosuppression. La sévérité de la candidose oropharyngée est fonction de la nature du corticoïde inhalé utilisé ;
  • la dysphonie : 5,2 fois plus fréquente que dans la population générale (entre 8 et 58 % des patients traités), elle serait la conséquence d’une action sur les muscles intrinsèques du larynx. Réversible à l’arrêt du traitement, la sévérité varie selon le type de corticoïde prescrit. 

La prise en charge est avant tout préventive : rinçage de la bouche après chaque prise. Il convient aussi d’évaluer la manière dont le patient utilise le traitement car une mauvaise compréhension de l’utilisation du système d’administration et/ou le recours à un mauvais système majorent les effets indésirables oropharyngés. 

Pour en savoir plus
Rochat TS, Janssens JP. Effets secondaires systémiques et oropharyngés des corticostéroïdes inhalés. Rev Med Suisse 2012;8:2219-23
Dupin C, Taillé C. Asthme de l’adulte : bon et mauvais usage de la corticothérapie inhalée. Rev Prat 2019;69:13-6.

Une question, un commentaire ?

promo