Une nouvelle étude menée sur des données d’hospitalisation nationales révèle que près de 6 % de la population vivait avec une cardiopathie ischémique en 2022 et près de 250 000 personnes ont été hospitalisées pour cette raison. Pourtant, la prévention, tant primaire que secondaire, n’est pas optimale…

Cette étude a puisé dans le SNDS (Système national des données de santé) pour décrire les caractéristiques des adultes hospitalisés pour cardiopathie ischémique en France en 2022 et leur devenir, et estimer la prévalence nationale de cette pathologie, le taux de traitements préventifs délivrés et la mortalité associée. Les résultats ont été publiés dans le journal Archives of Cardiovascular Diseases .

La cardiopathie ischémique concerne un Français sur vingt

En 2022, 242 227 patients ont été hospitalisés pour une cardiopathie ischémique, soit un taux d’hospitalisation de 453 patients pour 100 000 habitants. L’âge moyen au moment de l’hospitalisation était de 69,3 ans et un tiers des patients étaient des femmes. Le taux de mortalité intrahospitalière était de 3,6 %, avec un âge moyen au décès de 79,8 ans.

Le taux d’hospitalisation standardisé sur l’âge était plus élevé chez les hommes que chez les femmes, dans les régions du nord-est et du sud-est de la France et chez les personnes vivant dans les communes les plus défavorisées socioéconomiquement. Par ailleurs, d’autres différences selon le sexe étaient observées : par exemple, un taux brut de revascularisation plus faible et un plus grand nombre de complications cardiaques aiguës chez les femmes – des différences aussi observées dans d’autres pays européens depuis plusieurs années. « Une partie de ces différences peut être expliquée par des différences physiopathologiques liées au sexe et à l’âge ou par un mécanisme de syndrome coronaire aigu différent, mais on ne peut pas exclure des différences de prise en charge selon le sexe », expliquent les auteurs.

À partir des données de cette année-là et de celles disponibles depuis 2012, les chercheurs ont estimé qu’au 1er janvier 2023 la prévalence de la cardiopathie ischémique en France était de 5,6 % de la population adulte (2,98 millions de cas) ; qu’un tiers des cas étaient des femmes et près d’un quart des personnes âgées de moins de 65 ans ; enfin, qu’en 2022 cette maladie était responsable de 4,8 % des décès.

Prévention : on peut mieux faire

Sans surprise, les facteurs de risque cardiovasculaires étaient très fréquents parmi ces patients : 77,5 % avaient une HTA, 60,9 % une dyslipidémie, 32,5 % un diabète, 27,2 % étaient tabagiques (et davantage encore chez les moins de 65 ans : par exemple, la moitié des patients des < 65 ans ayant eu un syndrome coronaire aigu avec sus-décalage du segment ST) et 15 % obèses. Dans l’année précédant l’hospitalisation, 72,6 % prenaient des antihypertenseurs, 50,7 % des statines et 50,5 % des antiplaquettaires. Enfin, plus de 70 % avaient un antécédent d’hospitalisation pour cause de maladie cardiovasculaire.

La prise en charge post-hospitalière n’était pas optimale, avec de faibles taux d’admission en unité de réadaptation (22 %) et des taux insuffisants de dispensation des traitements recommandés en prévention secondaire dans l’année suivante : 84,5 % des personnes recevaient des antiplaquettaires, 82,6 % des statines, 68,8 % des bêtabloquants et 67,7 % des bloqueurs du SRAA ; à 1 an, 83,3 % prenaient une combinaison aspirine-statine et moins de la moitié une combinaison de quatre traitements.

En outre, dans l’année suivant l’hospitalisation, un tiers des patients ont été réhospitalisés pour la même cause et 10 % sont décédés (toutes causes de décès confondues).

Ces résultats plaident pour une amélioration de la prévention primaire et secondaire cardiovasculaire, afin d’améliorer le pronostic et la qualité de vie des 3 millions de patients atteints d’une maladie coronaire ischémique.

Pour en savoir plus
Grave C, Gabet A, Danchin N, et al. Epidemiology of ischaemic heart disease in France. Arch Cardio Dis 2024;117(12):725-37.

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