Cinq cas cliniquement évocateurs de botulisme alimentaire ont été signalés en début de semaine, dont 4 viennent d’être biologiquement confirmés par le Centre national de référence (CNR) des bactéries anaérobies et du botulisme de l’Institut Pasteur (les analyses concernant le cinquième cas sont en cours). Les 5 personnes ont été hospitalisées en réanimation ou en USC.
Elles ont toutes partagé un même repas, où elles ont consommé un produit en conserve de fabrication artisanale (du pesto à l’ail des ours de la marque O ptits oignons – cuisine mobile par Thierry Leloup). Ces conserves avaient été vendues lors de plusieurs événements en Indre et Loire entre mars et septembre. Le CNR a confirmé la présence de Clostridium botulinum dans ces produits, et d’autres investigations ont montré l’absence de maîtrise du processus de stérilisation. Les conserves ont donc été rappelées, et il est conseillé aux personnes qui détiendraient encore ces lots de ne pas les consommer ni les ouvrir, et de les jeter.
Le temps d’incubation du botulisme alimentaire pouvant aller de quelques heures à quelques jours, la survenue d’autres cas, dans les prochains jours, en lien avec la consommation de ces produits, n’est pas exclue.
Mode de contamination
Le botulisme alimentaire, dû à l’ingestion de toxine botulique préformée dans un nutriment, est la forme la plus fréquente en France. Les autres modes de transmission (par blessure, respiratoire, iatrogène) sont exceptionnels.
En cause : des aliments conservés permettant une croissance de C. botulinum avec production de toxine, mais aussi n’ayant pas subi de traitement thermique prolongé, et dans un milieu non acide (pH > 4,5), tels que les conserves de préparation familiale, les salaisons (viande, poisson), les denrées sous vide et réfrigérées.
Signes
Paralysies flasques et baisse des sécrétions témoignent du botulisme alimentaire (encadré). Des signes digestifs précoces sont possibles, fugaces (douleurs abdominales, nausées, vomissements et diarrhée).
De façon caractéristique, les paralysies de type descendant débutent au niveau oculaire (troubles de l’accommodation, diplopie, ptosis), puis apparaissent une parésie pharyngée (dysphagie, dysphonie, sécheresse de la bouche), une parésie/paralysie des membres supérieurs puis inférieurs et une faiblesse musculaire, associées à une constipation.
Les atteintes sévères se manifestent par une insuffisance respiratoire liée à la paralysie du diaphragme et des autres muscles respiratoires. Elle peut être mortelle en l’absence de traitement.
Des formes frustes (avec uniquement des troubles visuels transitoires) sont possibles.
Prise en charge
Le traitement du botulisme est essentiellement symptomatique et requiert, dans les formes sévères, des soins respiratoires intensifs avec ventilation assistée.
L’administration de l’antitoxine botulique dans les heures ou les premiers jours après le début des symptômes peut permettre de raccourcir le temps d’hospitalisation. À la suite d’une exposition documentée ou suspectée, la dispensation de l’antitoxine botulique se fait via une autorisation d’accès compassionnel (AAC) demandée par les pharmacies à usage intérieur sur la plateforme https ://icsaturne.ansm.sante.fr/. Le stock d’antitoxine botulique relève du stock de l’État, géré par Santé publique France. Les demandes sont traitées 24 h/24 et 7 jours/7.
Tableaux cliniques du botulisme
Botulisme alimentaire :
- paralysie pharyngée (dysphagie, dysphonie, sécheresse de la bouche),
- constipation,
- parésie/paralysie des membres, faiblesse,
- insuffisance respiratoire dans les formes sévères.
Botulisme infantile (colonisation intestinale par C. botulinum chez les moins de 1 an, le plus souvent d’origine environnementale) :
- constipation,
- évolution apyrétique,
- insuffisance respiratoire dans les formes sévères.
Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire. Point de situation : confirmation des cas de botulisme en Indre-et-Loire. 12 septembre 2024.
Lire aussi :
Popoff MR. Botulisme, toujours présent… Rev Prat Med Gen 2018;32(1008);688-9.