Si la cigarette électronique est moins nocive que la cigarette à combustion, qu’en est-il de l’exposition à la nicotine, principal constituant addictif du tabac ? Une étude menée chez des adolescents montre non seulement que la quantité de nicotine absorbée est la même mais que certains e-liquides seraient plus addictogènes.En 2022, 7,3 % des 18 à 75 ans déclaraient vapoter, selon Santé publique France. En essor, la vapoteuse, ou cigarette électronique, passe pour un moindre mal face à la cigarette. Des revues de la littérature concluent que, chez la plupart des personnes, l’exposition à la nicotine est moindre avec l’e-cigarette qu’avec la cigarette. Toutefois, cette exposition semble dépendre du type de vapoteuse, avec des taux plus élevés observés avec les e-liquides aux sels de nicotine (dont la commercialisation en Europe est plus récente que celle des liquides « classiques »).Pour déterminer plus clairement si l’exposition à la nicotine diffère entre adolescents qui fument, qui vapotent, qui font les deux ou qui ne font ni l’un ni l’autre, et pour faire la différence entre les types de produits vapotés sur le taux de nicotine, des chercheurs ont réalisé une étude observationnelle transversale chez des adolescents de 16 à 19 ans invités à participer en Angleterre, au Canada et aux États-Unis. Ces derniers ont répondu à un questionnaire et ont autoprélevé un échantillon urinaire entre 2019 et 2022. La principale mesure de l’étude était la somme de la concentration urinaire en cotinine et en 3 -OH-cotinine (deux métabolites de la nicotine), nommée TNE- 2 et normalisée suivant la concentration en créatinine. L’exposition à la cigarette ou à la vapoteuse devait avoir lieu dans les sept jours avant le prélèvement.Parmi les 364 participants ayant produit des échantillons urinaires exploitables et répondu au questionnaire (âge moyen = 17,6 ans, 55,8 % de femmes), aucune différence significative n’a été observée entre les ados fumant exclusivement, vapotant exclusivement ou faisant les deux.Parmi les ados vapotant exclusivement (n = 73), les concentrations de TNE- 2 n’étaient pas différentes de celles des ados utilisant des produits à plus ou à moins de 20 mg/mL de nicotine. En revanche, les ados rapportant utiliser des produits de vapotage contenant des sels de nicotine (n = 23) avaient une concentration significativement plus élevée de TNE- 2 que les autres vapoteurs.Pour les auteurs, ces résultats indiquent, d’une part, que fumer et vapoter sont associés à une exposition similaire à la nicotine chez les ados et, d’autre part, que les vapoteurs utilisant des sels de nicotine sont plus exposés à la nicotine que les autres vapoteurs, en cohérence avec les études précédentes qui suggéraient une dépendance plus grande aux e-cigarettes utilisant des sels de nicotine.
Références
JAMA Netw Open 2025;8(3):e2462544. Hammond D, Reid JL, Goniewicz ML, et al. Nicotine exposure from smoking tobacco and vaping among adolescents. PMID : 40072439