Le 22 avril, un communiqué conjoint des ministères de la Justice, de l’Intérieur et des Solidarités et de la Santé fait état de l’explosion du nombre de signalements au 119 pendant la période de confinement.

Sur la semaine du 13 au 19 avril, le nombre d’appels au 119 pour signaler des violences contre mineur a augmenté de 89 % par rapport à la même période l’année dernière. Ces chiffres, en augmentation constante depuis le début du mois, attestent de l’efficacité de la campagne de sensibilisation du gouvernement pour faire face au risque accru de situations de maltraitance lié au confinement, et conduisent celui-ci à renforcer ses moyens.

Les données montrent que les mineurs s’emparent davantage du 119 (+80 % par rapport à la même période en 2019) ; la part des appels des voisins a augmenté d’autant. Les appels urgents ont bondi de 60 % par rapport à la période précédant le confinement ; ceux transmis à la police et à la gendarmerie ont augmenté de 230 % (de 8 à 27 appels) sur les deux dernières semaines (par rapport à la même période en 2019). 

Face à cette situation, les capacités du 119 ont été renforcées : la semaine dernière, les capacités en nombre d’heures d’écoute hebdomadaires ont augmenté de 26 %, ce qui a permis de porter le taux de décroché à 90 %. Et ce grâce au recrutement d’écoutants (en interne et externe), au recours aux heures supplémentaires et à d’anciens écoutants, au renfort du pré-accueil qui permet de transférer les appels vers d’autres numéros (comme le 3919 pour les violences conjugales), ainsi qu’aux contributions des associations.

Depuis le 26 mars, des instructions ont été transmises aux forces de l’ordre pour mettre en place un suivi rigoureux des interventions pour violences familiales (les victimes peuvent les alerter par SMS au 114). Un dispositif d’alerte avec l’Ordre national des pharmaciens a également été mis en place, permettant aux mineurs mais aussi aux témoins de dénoncer les faits dans la pharmacie de leur quartier. En cas de danger, les services de première urgence, via le 17, peuvent être sollicités aux fins d’intervention immédiate au domicile. 

Concernant les services de la justice, les plans de continuité d’activité, déclinés dans chaque tribunal judiciaire, prévoient le maintien des permanences pour juger les auteurs de violences commises sur les enfants et assurer leur protection. La priorité donnée à la lutte contre les violences intrafamiliales a été réaffirmée par les instructions de politique pénale données dans le cadre de la crise sanitaire. En cas de nécessité, si un enfant est en danger, dans un contexte de violences ou pour d’autres motifs graves, des ordonnances de placement provisoire sont décidées en urgence (92 enfants en ont bénéficié depuis le début du confinement). Les dispositions prises dans le cadre de l’ordonnance n°2020-304 du 25 mars 2020 permettent, par ailleurs, de faciliter le traitement par les tribunaux pour enfants des nouveaux signalements d’enfants en danger et de garantir la continuité des mesures de protection déjà décidées.

 

Pour en savoir plus

Enfance en danger : le gouvernement mobilisé (communiqué), 22 avril 2020.

 

Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien

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