Avec l’arrivée des beaux jours, la cueillette de plantes sauvages revient. Mais cette activité n’est pas sans risques, en raison de la confusion, fréquente, entre plantes comestibles et toxiques. L’Anses alerte particulièrement sur la confusion entre ail des ours et colchique, qui peut avoir des conséquences graves, allant jusqu’au décès.

Fréquente au printemps, la cueillette d’ail des ours sert souvent à la préparation de sauce pesto maison, de salades, poêlées ou quiches.

Vingt-huit intoxications liées à la confusion de cette plante – et, plus rarement, du poireau sauvage – avec la colchique ont été enregistrés par les Centres antipoison (CAP) entre 2020 et 2022. Deux personnes en sont décédées.

Ces intoxications ont eu lieu de mars à mai, avec un pic en avril, principalement en région Grand Est et Auvergne Rhône Alpes. En effet, ces trois plantes poussent au printemps dans les mêmes sous-bois. La cueillette avant leur floraison – qui survient entre avril et juin pour l’ail des ours et en automne pour la colchique – peut faciliter la confusion, car leurs fleurs différentes aident à mieux les distinguer (v. encadré et figures).

Quels symptômes ?

La toxicité du colchique est due à la présence de colchicine dans les feuilles, fleurs, graines et racines : ainsi, toutes les parties de la plante sont toxiques. Cet alcaloïde bloque la division des cellules, ce qui explique particulièrement ses effets néfastes digestifs et hématologiques (les cellules gastriques, intestinales et de la moelle osseuse se renouvelant rapidement).

Les premiers signes d’intoxication, digestifs, surviennent quelques heures après l’ingestion : douleurs abdominales intenses, vomissements, diarrhées profuses pouvant provoquer une déshydratation sévère, elle-même à l’origine d’une chute de la pression artérielle et d’un risque d’arrêt cardiorespiratoire.

Plus tardivement, d’autres troubles graves se manifestent : une aplasie médullaire peut notamment apparaître vers le troisième jour et entraîner un risque infectieux et hémorragique. Une alopécie peut aussi apparaître vers le dixième jour.

Parmi les cas rapportés aux CAP entre 2020 et 2022, des signes digestifs étaient présents dans la quasi-totalité (93 %) d’entre eux : diarrhées (79 %), vomissements (68 %), douleurs abdominales (46 %) et nausées (18 %) ; pour la moitié d’entre eux, ils étaient prononcés ou prolongés (diarrhées ou vomissements persistants). Quatre ont eu des symptômes sévères menaçant le pronostic vital : troubles hépatiques (deux cas) ou hématologiques (trois cas) ; l’évolution a été fatale pour deux patients.

Recommandations de l’Anses pour les patients

Si vous cueillez de l’ail des ours :

  • n’improvisez pas : assurez-vous de bien connaître la plante ramassée ;
  • vérifiez la présence d’une odeur d’ail au froissage de chaque feuille ;
  • ne cueillez pas les feuilles par brassées pour éviter de cueillir plusieurs espèces et de mélanger des espèces toxiques avec des espèces comestibles ;
  • photographiez votre cueillette pour en faciliter l’identification en cas d’intoxication ;
  • ne consommez pas en cas de doute sur l’identification ;
  • cessez immédiatement de manger en présence d’un goût amer ou désagréable ;
  • après ingestion : au moindre doute ou en présence de symptômes, notamment digestifs dans les heures suivantes, contactez immédiatement un centre antipoison ou consultez un médecin. Appelez le 15 en cas de détresse vitale (coma, détresse respiratoire…).

D’autres confusions sont possibles en cette saison (acacia avec cytise, oseille avec arum…) : consulter l’infographie « Plantes toxiques VS plantes comestible (saison printemps) » disponible sur ce lien pour aider à distinguer les plantes.

Encadre

Comment distinguer l’ail des ours du colchique ?

L’ail des ours :

  • est une plante haute de 15 à 40 cm à maturité ;
  • a une odeur caractéristique d’ail, notamment lorsque l’on froisse ses feuilles ;
  • ses feuilles sont plus ou moins brillantes, ovales et pointues, portées par des tiges ;
  • ses fleurs, en forme d’étoile, et son bulbe allongé sont de couleur blanche ;
  • cette plante pousse souvent en grands tapis dans les sous-bois frais, les fonds de vallons ombragés et humides ou le long des ruisseaux. Les feuilles apparaissent en février-mars et les fleurs d’avril à début juin. La période de la récolte se termine avec les premières fleurs.

La colchique :

  • a des feuilles plus rigides, sans tige, charnues, à bout arrondi ;
  • son bulbe est rond et foncé  ;
  • ses fleurs, mauves, n’apparaissent qu’en automne, seules les feuilles sont visibles au printemps.
Pour en savoir plus
Anses. Confusion entre colchique et ail des ours : des intoxications parfois mortelles. 7 avril 2025.
À lire aussi :
Martin Agudelo L. Ne pas confondre plantes comestibles et toxiques.  Rev Prat (en ligne) 29 juillet 2024.

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