Théophile, 62 ans, consulte en urgence pour une gêne au niveau de l’œil gauche, qui est rouge, avec une sensation de sable sous les paupières (fig. 1). Il explique avoir manipulé des « algues » à l’odeur pestilentielle sur la plage qu’il fréquente régulièrement. Il en a collecté quelques spécimens qu’il a pris en photo (fig. 2). L’examen clinique révèle une conjonctivite secondaire à la manipulation de Velella velella
Texte

Velella velella (ou vélelle) est un animal aquatique du genre des cnidaires hydraires, vivant le plus souvent en colonies ; il s’agit d’un invertébré évoluant en deux formes : polype puis méduse à la dérive.1,2

La forme immergée est constituée :

  • d’un disque cartilagineux elliptique divisé en chambres et  contenant du gaz ;
  • d’une crête membraneuse triangulaire verticale servant de voile.
 

Velella velella peut mesurer jusqu’à 6 cm de diamètre et a une couleur bleue. Une colonie de ces cnidaires est constituée de plusieurs polypes ayant chacun sa spécificité : un polype nourricier central (ou gastrozoïde) qui assure la distribution de nourriture aux autres ; les polypes reproducteurs (ou gonozoïdes) ; les polypes défenseurs urticants (ou dactylozoïdes). Ces organismes flottent en pleine mer au gré des courants marins et se nourrissent exclusivement de plancton, d’œufs de poisson, de larves ou de petits crustacés, capturés grâce à des tentacules urticantes. En cas de vent violent, ils peuvent s’échouer sur les plages, surtout au printemps ou en été, de préférence dans les zones tempérées et tropicales. Actuellement, du fait du réchauffement climatique, Velella velella est présente sur les plages bordant l’océan Atlantique et sur le pourtour méditerranéen. 

Cliniquement, le contact avec ces cnidaires est exceptionnellement responsable de lésions : malgré leurs cellules urticantes, le retentissement chez l’homme est rare et souvent anecdotique.

Néanmoins, un contact avec Velella velella peut conduire à deux types de réaction :

  • un prurit au niveau des espaces interdigitaux, zone de revêtement cutané mince propice puisque les cellules urticantes n’arrivent pas à traverser l’épiderme épais ;
  • une conjonctivite.
 

Le traitement repose sur un antihistaminique par voie orale ou en collyre, selon le type d’atteinte. 

Références
1. Carrera M, Trujillo JE, Brandt M. First record of a by-the-wind-sailor (Velella velella Linnaeus, 1758) in Galápagos Archipelago-Ecuador. Biodiversity Data Journal 2019;7:e35303. 
2. Jones T, Parrish JK, Burgess HK. Long-term patterns of mass stranding of the colonial cnidarian Velella velella : influence of environmental forcing. Marine Ecology Progress Series 2021;662:69-83. 
3. Killi N, Bonello G, Mariottini GJ, et al. Nematocyst types and venom effects of Aurelia aurita and Velella velella from de Mediterranean Sea. Toxicon 2020;175:57-63.

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