En empêchant la survenue de grossesses imprévues et non désirées, la contraception d’urgence permet de réduire la nécessité du recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) à la suite d’un rapport sexuel non ou mal protégé.

Ses indications sont larges  : rapport non protégé, accident de préservatif, oubli de pilule, erreur d’utilisation d’anneau ou patch contraceptif, expulsion d’un dispositif intra-utérin, viol...

Elle doit être utilisée quel que soit le moment du cycle et le plus rapidement possible après le rapport à risque. Il existe à l’heure actuelle différentes méthodes de contraception d'urgence, hormonales et non hormonales.

Méthode utilisant un progestatif

Cette méthode consiste en la prise unique d’un comprimé de lévonorgestrel 150 mg dans les soixante-douze heures qui suivent le rapport à risque. La prise doit intervenir le plus tôt possible, car l’efficacité diminue avec le temps, passant de 95  % dans les vingt-quatre premières heures à 85  % entre vingt-quatre et quarante-huit heures, pour chuter à 58  % entre quarante-huit et soixante-douze heures.

Cette méthode peut être utilisée plusieurs fois au cours du même cycle.

Son efficacité est diminuée par les inducteurs enzymatiques et en cas d’indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 25 kg/m2.

Le lévonorgestrel n’a aucune contre-indication, hormis l’exceptionnelle allergie à cette molécule  ; il est donc en vente libre sans prescription médicale. Sa délivrance en pharmacie est gratuite pour les femmes âgées de moins de 26 ans.

Méthode utilisant un modulateur sélectif des récepteurs de la progestérone

L’administration d’un modulateur sélectif des récepteurs de la progestérone (SPRM) repose sur la prise unique de 30 mg d’acétate d’ulipristal. Cette molécule est active pendant cinq jours après le rapport à risque, mais, là aussi, son action est d’autant plus efficace qu’elle est prise rapidement après le rapport non protégé.1

Le SPRM ne doit pas être utilisé ­plusieurs fois au cours du même cycle menstruel, ni être utilisé simultanément avec le lévonorgestrel.

Son efficacité n’est pas diminuée en cas d’IMC entre 25 et 34 kg/m2, mais l’est au-delà.

S’il est prescrit pendant la prise d’une contraception œstroprogestative (COP) ou d’une contraception progestative (CP), il risque de diminuer l’efficacité de la contraception habituelle par son action antiprogestéronique  – ceci en théorie – et il est nécessaire d’utiliser un préservatif pendant les sept jours suivants.

Il est également en vente libre, sans prescription médicale. Sa délivrance est gratuite pour les femmes âgées de moins de 26 ans.

Les règles surviennent la plupart du temps à la date prévue, mais un retard pouvant aller jusqu’à cinq à sept jours est possible.

Les contre-indications sont l’allergie au produit et la grossesse.

Méthode utilisant un dispositif intra-utérin au cuivre

Un dispositif intra-utérin (DIU) au cuivre peut être posé jusqu’à cinq jours après le rapport à risque. Son efficacité est proche de 100  %.2,3

Il peut être inséré plus tard, si l’ovulation date de moins de cinq jours.

Il a l’avantage d’assurer une contra­ception à long terme.

Délivré sur prescription médicale, il doit être posé par un praticien formé à l’insertion des DIU.

Son inconvénient majeur est le risque infectieux si le contexte du rapport non protégé est à haut risque de maladie sexuellement transmis­­sible (relation ponctuelle, viol), pouvant contre-indiquer alors son insertion.

Cette méthode est à discuter chez les femmes âgées de moins de 25 ans, mais la nulliparité/nulligestité n’est pas une contre-indication. 

C’est la seule méthode utilisable si la patiente suit un traitement inducteur enzymatique.

Les contre-indications sont celles des DIU en général  : malformation utérine, infection en cours, saignements inexpliqués.

Facilité d’accès

Le lévonorgestrel et l’acétate d’ulipristal ont l’avantage d’être en vente libre, gratuits pour les femmes âgées de moins de 26 ans et remboursés sur prescription après 26 ans.

L’ulipristal semble être plus efficace au-delà de soixante-douze heures.4 

Le DIU devrait être proposé plus souvent, mais à bon escient et selon le contexte.

La consultation pour contraception d’urgence est l’occasion de discuter d’une contraception ultérieure efficace ainsi que de la prévention et du dépistage des maladies sexuellement transmissibles.5

La surveillance est importante  !

En cas de retard de règles de plus de cinq jours ou de saignements anormaux, un test de grossesse doit être réalisé.

La possibilité d’une grossesse extra-­utérine doit toujours être évoquée en cas de positivité du test.6

En cas d’échec de la contraception d'urgence, il n’y a pas de contre-indication à poursuivre la grossesse si la femme le souhaite.

Encadre

Recommandations pratiques pour les femmes

À savoir en cas de rapport sexuel non protégé  :

  • un seul rapport suffit pour conduire à une grossesse non souhaitée ;
  • ne pas compter les jours  : l’ovulation est parfois décalée ;
  • prendre la contraception d’urgence le plus vite possible ;
  • protéger les rapports suivants jusqu’aux règles ;
  • en cas de retard de règles de plus de cinq jours ou de saignements anormaux, effectuer un test de grossesse et une consultation médicale.
Références
1. Brache V, Cochon L, Jesam C, et al. Immediate pre-ovulatory administration of 30 mg ulipristal acetate significantly delays follicular rupture. Hum Reprod 2010;25:2256-63.
2. Cleland K, Zhu H, Goldstuck N, et al. The efficacy of intrauterine devices for emergency contraception: A systematic review of 35 years of experience. Hum Reprod 2012;27:1994-2000.
3. FFPRHC (Faculty of Family Planning and Reproductive Health Care) Guidance (April 2006). Emergency contraception. J Fam Reprod Health Care 2006;32(2):121–8.
4. Glasier AF, Cameron ST, Fine PM, et al. Ulipristal acetate versus levonorgestrel for emergency contraception: A randomised non-inferiority trial and meta-analysis. Lancet 2010;375:555-62.
5. La prévention des grossesses non désirées : contraception et contraception d'urgence. Inspection générale des affaires sociales. Octobre 2009. RM2009-104A.
6. Sheffer-Mimouni G, Pauzner D, Maslovitch S, et al. Ectopic pregnancy following emergency levonorgestrel contraception. Contraception 2003;67:267-9.