Chez les patients atteints de gonarthrose, la rééducation de la marche visant à soulager les genoux réduit la douleur et ralentit la progression de la maladie, selon un essai randomisé contrôlé par placebo publié dans le Lancet Rheumatology. Une approche non pharmacologique prometteuse ?

L’arthrose atteint 10 millions de Français et 65 % des plus de 65 ans. Il s’agit d’une gonarthrose dans 30 % des cas. Face à l’absence de traitement étiologique, les stratégies non médicamenteuses jouent un rôle important : perte de poids, activité physique adaptée, orthèses, etc. Puisque la charge excessive portée par les genoux accélère la progression de la maladie, des chercheurs américains ont évalué la possibilité d’améliorer la gonarthrose par la rééducation de la démarche, de manière à minimiser les contraintes pesant sur les genoux lors des déplacements quotidiens.

Pour ce faire, ils ont réalisé un essai randomisé monocentrique en simple aveugle, contrôlé par placebo. Les patients recrutés (des adultes) devaient souffrir de gonarthrose fémoro-tibiale interne confirmée par un radiologue, déclarer une douleur au compartiment fémoro-tibial interne (CFTI) ≥ 3/10 sur une échelle numérique (NRS- 11), être aptes à marcher sans aide, et avoir un IMC ≤ 35. Avant la randomisation, les patients remplissant ces critères ont suivi une analyse de leur démarche en laboratoire. À l’issue de cette dernière, ont été inclus les patients dont la contrainte mécanique sur le CFTI diminuait d’au moins 5 % après modification de l’orientation de leur pied – autrement dit, ceux qui étaient aptes à réduire cette charge en changeant de démarche.

La randomisation (1 :1) a réparti les patients entre une intervention hebdomadaire de 6 semaines visant à modifier la démarche pour minimiser la charge sur le CFTI, et une intervention factice de 6 semaines maintenant la démarche naturelle. Les participants ont reçu l’instruction de s’exercer au moins 20 minutes/jour à la démarche évaluée. Ils ont reçu un suivi 10 semaines, 6 mois, 9 mois, puis 12 mois après l’inclusion. Les critères de jugement principaux étaient le changement du score de la douleur NRS- 11 et la variation de la charge sur le CFTI un an après l’inclusion. Les critères principaux de sécurité étaient le nombre et le type d’événements indésirables par groupe.

Les résultats sont parus le 12 août 2025 dans le Lancet Rheumatology (le manuscrit accepté est disponible à ce lien). 68 patients (âge moyen (écart-type) = 64,4 (7,6) ans ; 60 % de femmes) ont été randomisés (34 pour l’intervention, 34 pour le placebo) – soit moins que les 80 individus espérés pour atteindre la puissance statistique recherchée. Après 1 an, par rapport au groupe placebo, les participants du groupe intervention rapportaient une réduction significative de douleur au CFTI (différence intergroupes = - 1,2 ; IC95 % = [- 1,9 ; - 0,5] ; p = 0,0013). En outre, ils présentaient aussi une diminution significative de la charge sur le compartiment fémoro-tibial interne. Il n’y a pas eu d’effets indésirables graves. Malgré le petit nombre de patients inclus et la difficulté à généraliser cette étude (par exemple à un public ayant un IMC > 35), les auteurs en concluent que la rééducation de la démarche constitue « une option non-chirurgicale prometteuse » dans la gonarthrose du compartiment fémoro-tibial interne.

Référence
Uhlrich SD, Mazzoli V, Silder A, et al. Personalised gait retraining for medial compartment knee osteoarthritis: a randomised controlled trial. Lancet Rheum 12 août 2025.
Pour en savoir plus :
Mazières B. Traiter la gonarthrose d’un mot : bouger !  Rev Prat Med Gen 2019;33(1017);197-9.
Martin Agudelo L. Traitements non pharmacologiques de la gonarthrose : nouvelles recos !  Rev Prat (en ligne) 31 octobre 2024.
Goëb V, Shulenina E, Aupée O, et al. Item 129. Arthrose.  Rev Prat 2024;74(1);101-10.
Nobile C. Entretien avec le Pr Jérémie Sellam. Médicaments dans la gonarthrose : de nouvelles recos.  Rev Prat (en ligne) 16 février 2021.

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