Bordetella pertussis étant une bactérie très contagieuse, un vaccin permettant d’empêcher sa transmission – au-delà de lutter contre la maladie symptomatique, comme c’est le cas des vaccins actuels – serait un atout pour briser les chaînes de contagion et éviter les épidémies. Un nouveau vaccin monovalent intranasal serait efficace et sûr, selon les résultats d’une étude française parue dans le Lancet.

Les vaccins contre la coqueluche actuellement disponibles en France sont des vaccins combinés : avec ceux contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (tétravalents) ; avec dTP, méningites à Haemophilus influenzae b et hépatite B (hexavalents). Ces vaccins protègent contre l’apparition des symptômes, mais n’empêchent ni la colonisation des muqueuses par la bactérie ni la transmission de cette maladie infectieuse respiratoire très contagieuse.

Pour combler cette lacune, une équipe de chercheurs français et internationaux (Inserm/Institut Pasteur de Lille/CNRS) a développé un vaccin anticoquelucheux vivant atténué, administré par voie intranasale (BPZE1), dans le cadre du projet européen Child-Innovac, lancé en 2008 sous l’égide de l’Inserm avec 10 partenaires européens. Des travaux de phase I, publiés en 2014 puis 2020, en ont démontré l’efficacité et l’innocuité. Aujourd’hui, les résultats d’un essai clinique de phase II viennent de paraître dans le Lancet, montrant l’efficacité et la sûreté chez l’adulte de ce vaccin, qui a été comparé à un vaccin combiné diphtérie-tétanos-coqueluche acellulaire (dTcaP) injecté par voie intramusculaire.

Cet essai randomisé en double aveugle a été conduit dans trois centres aux États-Unis, entre juin et octobre 2019, chez 280 adultes âgés de 18 à 50 ans. Les participants ont reçu soit une dose de vaccin BPZE1 accompagnée d’un placebo par voie IM afin de préserver la procédure en aveugle (n = 184), soit une injection IM de dTcaP accompagnée d’un placebo nasal (n = 96).

Trois mois plus tard, la moitié des participants de chaque groupe a reçu un « challenge » infectieux grâce à une autre dose intranasale de BPZE1 destinée à simuler une infection naturelle de façon atténuée – l’autre moitié recevant des « challenges » placebo.

Résultats : le vaccin BPZE1 induisait une sécrétion d’IgA spécifiques ample et consistante au niveau des muqueuses nasales, en plus de l’immunité sanguine, tandis que le vaccin dTcaP provoquait une sécrétion de ces marqueurs de l’immunité seulement au niveau sanguin. De plus, dans le mois suivant le « challenge », 90 % des participants du groupe ayant reçu le vaccin BPZE1 n’avaient aucune colonie bactérienne au niveau des muqueuses nasales ; le reste des personnes avaient une colonisation faible (< 260 colonies/mL). Les personnes vaccinées avec dTcaP avaient, quant à elles, une colonisation bactérienne nasale importante dans 70 % des cas (14 325 colonies/mL). De plus, l’infection régressait plus rapidement chez les personnes ayant reçu le vaccin nasal.

Les vaccins ont été bien tolérés : réactogénicité légère ; aucun événement indésirable grave lié à la vaccination.

Ces résultats suggèrent que ce nouveau vaccin, en empêchant la colonisation bactérienne des voies respiratoires grâce à l’immunité induite dans ces muqueuses, pourrait contribuer à briser les chaînes de transmission de la coqueluche, donc à prévenir les épidémies. Ils sont encore à confirmer dans des essais de phase III. Une autre étude est en cours pour évaluer ce même vaccin intranasal chez les enfants d’âge scolaire.

Enfin, la mise à disposition d’un vaccin monovalent est intéressante pour la stratégie de cocooning autour des nouveau-nés et chez les femmes enceintes – chez qui la vaccination contre la coqueluche est recommandée lors de chaque grossessedepuis 2022. En effet, dans ces indications, ce sont les vaccins tétravalents qui sont administrés, faute de vaccin monovalent disponible actuellement en France.

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