70 % des infections néonatales par le SARS-CoV-2 seraient dues à une transmission environnementale, alors que 30 % seraient attribuables à une transmission verticale, selon une méta-analyse publiée le 15 octobre dans Nature Communications.

 

Les données de 176 articles rapportant des cas d’infections chez les nouveau-nés – confirmées par test PCR sur prélèvement nasopharyngé ou par une sérologie – suggèrent que la transmission post-partum du virus est la voie principale, avec un risque majoré par le manque de séparation entre la mère et l’enfant : ce facteur serait associé à une plus grande incidence d’une infection néonatale tardive, c’est-à-dire survenant après les premières 72 heures de vie. En revanche, l’allaitement n’était pas associé à un risque accru d’infection, suggérant que la transmission du pathogène par le lait maternel, si elle existe, est rare. Une donnée qui va dans le sens des recommandations éditées début septembre par la Société française de néonatologie et l’Académie de médecine, préconisant de ne pas interrompre l’allaitement tout en observant les précautions nécessaires (port du masque, lavage des mains), mais que, faute d’études suffisantes, il conviendrait de continuer à explorer.

Bien que la transmission post-partum soit majoritaire, une contamination par voie verticale existe aussi : possiblement 30 % de cas selon cette analyse ; dans 9 % des cas, ce type de transmission était avéré (5,7 % d’infection congénitales confirmées et 3,3 % d’infections intra-partum confirmées). Les auteurs soulignent que la transmission transplacentaire est en effet possible, en particulier parce que l’enzyme de conversion de l’angiotensine 2 est exprimée dans le tissu placentaire, surtout à la fin de la période de gestation. 

Parmi les nouveau-nés étudiés, 55 % ont développé des signes cliniques de la Covid-19, semblables à ceux observés chez l’adulte : fièvre dans 44 % des cas, manifestations respiratoires (52 %), gastro-intestinales (36 %) et neurologiques (18 %). Si l’imagerie de poumons était anormale dans 64 % des cas, aucun syndrome de détresse respiratoire aiguë n’a été observé chez ces patients.

Au vu de ces données, les auteurs préconisent une harmonisation des recommandations internationales sur cette question, qui tiennent compte aussi bien des avantages du lien mère-nouveau-né que du risque d’infection post-natale, dont l’issue est généralement (mais pas exclusivement) bénigne. Il conviendrait en particulier de donner des conseils d’hygiène appropriés et de prévoir un équipement de protection individuelle, car ceux-ci peuvent réduire considérablement le risque de transmission – ce pour quoi des études spécifiques devraient être menées (équipement idéal, politique précise à appliquer…).

Pour en savoir plus

Raschetti R, Vivanti A, Vauloup-Fellous C, et al. Synthesis and systematic review of reported neonatal SARS-CoV-2 infections. Nat Commun 2020;11:5164.

Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien

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