Une patiente âgée de 56 ans, sans antécédent notable, consulte aux urgences pour une douleur de la face associée à un œdème palpébral droit (fig. 1). À l’interrogatoire, elle décrit l’apparition quarante-huit heures auparavant d’un œdème palpébral avec une majoration au décours et l’apparition, depuis douze heures, d’une douleur périorbitaire sans fièvre associée. Elle décrit dans les mois précédents une sensibilité du bord interne de l’œil droit évoluant de manière intermittente avec un larmoiement associé. Un bilan sanguin retrouve une protéine C réactive (CRP) à 15 mg/L sans hyperleucocytose. Un scanner conclut à une cellulite périorbitaire débutante sur dacryocystite en lien avec un dacryolithe du canal lacrymal de 2,7 mm (fig. 2). Les symptômes s’amendent en quarante-huit heures après l’introduction d’une antibiothérapie probabiliste avant une prise en charge chirurgicale à distance de l’épisode.

Un dacryolithe provoque un larmoiement intermittent rythmé par ses mouvements dans le sac lacrymal. La progression vers une dacryocystite aiguë ou chronique, est une complication classique.1 Les données épidémiologiques spécifiques sur les dacryolithes sont limitées car il s’agit d’une affection souvent sous-diagnostiquée.

Sur le plan paraclinique, l’analyse biologique du liquide est nécessaire pour adaptation du traitement ­médicamenteux avant imagerie. Le dacryoscanner est le gold standard pour explorer des voies lacrymales, mais l’examen endonasal est d’un grand intérêt diagnostique.2

Les complications à la phase aiguë sont la cellulite périorbitaire et secondairement de la face, ainsi que l’infection du globe oculaire. En phase chronique, dans les suites d’un remaniement cellulaire post-­inflammatoire, une sténose des voies lacrymales peut être observée.

La prise en charge en aigu est médicamenteuse, avec une antibio­thé­rapie systémique pour retarder la prise en charge chirurgicale à fort risque de complication. Par la suite, la dacryocystorhinostomie endo­nasale est l’intervention de choix, indiquée également en situation post-traumatique, dans le cadre d’infections chroniques ou encore en cas de suspicion d’une tumeur du sac lacrymal.

Références
1. Robert PY, Delmas J, Vernat-Tabarly O, et al. Infections des voies lacrymales. J Fr Ophtalm 2024;47(10):104345. 
2. Piaton JM, Keller P, Sahel JA, et al. Lithiase lacrymale : diagnostic par l’endoscopie nasale. J Fr Ophtalm 2003;26(7):685-98.

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