La vaccination a une double dimension de protection individuelle et collective. En terme sociétal, trois situations sont possibles :– pas de vaccination : tout le monde est infecté ;– faible couverture vaccinale : seules les personnes vaccinées sont protégées ;– niveau élevé de couverture : la plupart des rares sujets non vaccinés ne sont pas infectés. Ceci permet aussi de protéger les sujets qui ne peuvent pas être vaccinés (contre-indications) et susceptibles de faire des formes très sévères, de réduire la circulation de l’agent pathogène et d’éliminer la maladie sans avoir besoin d’atteindre 100 % de couverture vaccinale.C’était l’objectif de la vaccination massive contre la rougeole. Une recrudescence a pourtant été observée à partir du milieu des années 2000 où la moitié des décès sont survenus chez les immunodéprimés qui n’ont pu être vaccinés et n’ont pas été protégés par leur environnement. La faible couverture vaccinale dans certaines régions est corrélée très fortement avec une incidence élevée de la maladie, preuve indirecte de l’efficacité des politiques vaccinales pour la protection de la population dans son ensemble.Il existe une grande hétérogénéité selon les vaccins en fonction de l’âge (nourrissons bien vaccinés, personnes âgées peu vaccinées contre la grippe ou le pneumocoque) ou de la région (couverture vaccinale qui diminue le long du gradient nord-ouest/sud-est).Les déterminants sociaux de l’hétérogénéité de la couverture vaccinale ont été étudiés par Santé publique France. La couverture par le vaccin HPV est de 43,6 % avec une très grande différence selon les revenus du foyer (gradient entre 15 % et 60 %) ou le niveau d’études (37 % à 60 %). La couverture vaccinale des femmes enceintes contre la grippe est très faible (21 %) avec une variation importante (18 % à 32 %) selon le niveau socio-économique. Quel est le lien de causalité de ces variations ? Le rôle d’obstacles pratiques d’accès à la vaccination (coût, accessibilité géographique au système de santé) est probablement limité. Les déterminants sociaux cognitifs (ressenti, connaissance, motivation…) et d’adhésion vaccinale sont importants (lien avec la situation professionnelle, le revenu du foyer et le niveau d’études). Enfin, l’attitude des professionnels de santé vis-à-vis de certaines populations peut également intervenir.Des recherches qualitatives sont encore nécessaires pour comprendre ces déterminants et améliorer la couverture vaccinale.
Daniel Lévy-Bruhl, Santé publique France, France
8 octobre 2024