La diverticulose – pathologie colique la plus fréquente, dont la prévalence croît avec l’âge – peut se compliquer d’une inflammation/infection appelée diverticulite aiguë. L’expression clinique est similaire à celle de l’appendicite aiguë, si ce n’est que les signes sont localisés à gauche et que les patients sont généralement plus âgés : douleurs de la fosse iliaque gauche, troubles du transit et fièvre, avec défense de la fosse iliaque gauche à la palpation. Ces poussées peuvent le plus souvent être prises en charge en ambulatoire (la conduite à tenir est précisée dans cet article : Diverticulite aiguë non compliqué : une fiche pour le MG).
Le rôle de l’alimentation dans le risque de diverticulite aiguë et de récidive a été suspecté depuis longtemps, et les aliments « particulaires » – fruits à coques, graines, mais – ont été incriminés, mais les données ne sont pas convaincantes. Une large étude parue dans les Annals of Internal Medecine a tenté d’analyse ce lien complexe.
Les régimes « sains » encore gagnants
La Sister Study est une cohorte prospective américaine de 50 884 femmes âgées de 35 à 74 ans recrutées entre 2003 et 2009. Les données alimentaires ont été recueillies à l’inclusion via un questionnaire. Les diagnostics de diverticulose et diverticulite ont été auto-déclarés (la grande majorité ayant été confirmée par un médecin).
Au total, 34 233 femmes ont été incluses dans l’analyse finale. Les auteurs ont identifié 1 531 cas de diverticulite sur un suivi moyen de 13,9 ans. Environ 58 % des patients ont eu ≥ 2 épisodes, 30 % ont été hospitalisés et 14 % ont subi une intervention chirurgicale.
Après ajustement sur les facteurs confondants (âge, IMC, statut ménopausique, tabagisme, activité physique, revenu, éducation, consommation d’alcool…), les auteurs ont trouvé qu’il n’y a pas d’association entre la consommation de noix, graines, maïs (y compris les fruits avec graines comme les tomates et les fraises) et le risque de diverticulite.
En revanche, l’adhésion à des régimes ayant prouvé des effets bénéfiques sur la santé – à savoir le DASH (préconisé en cas d’HTA), le HEI (suivant recos nutritionnelles américaines) et le régime méditerranéen – était associée à une réduction significative du risque de diverticulite. Les résultats vont dans le même sens après ajustement sur la consommation de fibres et dans les analyses restreintes aux formes sévères (hospitalisation ou chirurgie).
Enfin, aucune association significative entre ces régimes et le risque de diverticulose n’a pas été retrouvée.
Qu’en retenir ?
Malgré certaines limites (étude observationnelle ne démontrant pas une causalité, données déclaratives, possibilité de facteurs de confusion résiduels), cette étude réfute l’idée, encore répandue chez les patients, que certains aliments « particulaires » (fruits à coque, graines, maïs) doivent être évités en prévention des poussées de diverticulite.
En revanche, l’analyse montre qu’un régime alimentaire sain « anti-inflammatoire » est associé à une diminution du risque, suggérant un rôle potentiel des mécanismes inflammatoires systémiques ou du microbiote dans la pathogenèse de la diverticulite. En revanche, la diverticulose semble obéir à d’autres déterminants, probablement structurels et génétiques.
Nobile C. Diverticulite aiguë non compliquée : une fiche pour le MG Rev Prat (en ligne) 25 février 2022.