La maladie de Dupuytren touche entre 4 % et 10 % de la population générale en France. À l’heure actuelle, le traitement est principalement chirurgical, proposé lorsque le patient est véritablement gêné ou s’il ne peut plus poser la main à plat sur une table. L’approche de référence est la fasciectomie (ou aponévrotomie). Il existe aussi une approche mini-invasive (technique non chirurgicale), l’aponévrotomie à l’aiguille.
Il n’existe plus de traitement médical reconnu en France : des injections de collagénase étaient proposées par certains rhumatologues, mais n’étaient pas remboursées (la HAS avait donné un avis défavorable au remboursement en 2012 en raison des incertitudes sur son intérêt clinique et sur sa tolérance). Depuis 2019, elles sont en arrêt de commercialisation.
Certains essais ont montré la supériorité de la collagénase par rapport au placebo (injectée dans la corde fibreuse, cette enzyme vise à l’assouplir en décomposant le collagène), et cette méthode pourrait limiter les coûts par rapport à la chirurgie, être plus accessible et améliorer la récupération.
Des chercheurs britanniques ont donc cherché à déterminer si cette approche médicamenteuse était non-inférieure au traitement chirurgical de référence de la maladie de Dupuytren modérée (contracture d’une articulation métacarpo-phalangienne ou d’une articulation interphalangienne proximale comprise entre 30° et 135°). Pour ce faire, ils ont randomisé 672 patients adultes éligibles aux deux traitements et n’ayant reçu aucun des deux avant l’essai. Les participants ont été répartis en proportions 1 :1 dans le groupe fasciectomie limitée ou dans le groupe injection de collagénase.
Le critère de jugement principal était le score PEM (Patient Evaluation Measure – Hand Health profile) un an après le traitement. Ce score, de 0 à 100, évalue l’état de santé de la main ; un plus petit score indique une meilleure santé. La marge de non-infériorité a été fixée à 6 points, soit l’écart de score PEM minimal associé avec un changement fonctionnel ressenti par les patients.
Les résultats sont parus dans le NEJM. Le score PEM moyen à un an était de 17,8 pour les 284 patients du groupe collagénase disposant de données à ce sujet, contre 11,9 parmi les 250 patients du groupe fasciectomie limitée.
Les auteurs en concluent que la collagénase n’est pas non-inférieure à la fasciectomie limitée.
Parmi les critères secondaires, les complications modérées ou sévères étaient plus fréquentes (5,1 % vs 1,8 %) dans le groupe fasciectomie, mais cette intervention était associée avec moins de contracture récurrente résultant en une réintervention (14,6 % vs 3,4 % dans le groupe collagénase).