Des scientifiques de l’Inrae, du CNRS et des universités de Rennes et de Bourgogne-Europe ont révélé les mécanismes par lesquels les régimes « yoyo » contribuent à l’induction de troubles de l’alimentation et à la reprise de poids.

La répétition des régimes pauvres en calories, entraînant une alternance de phases de réduction puis de réaugmentation des apports caloriques, s’accompagne souvent d’un effet yoyo : les personnes reprennent plus de poids qu’elles n’en avaient perdu.

Pour étudier les mécanismes impliqués, des scientifiques de l’Inrae, du CNRS et des universités de Rennes et de Bourgogne-Europe ont utilisé un modèle animal. Des souris mâles C57Bl6/N ont été soumises à un protocole de « weight cycling » : trois cycles composés d’une semaine de régime occidental (WD) riche en graisse et sucre, suivie de deux semaines de régime pauvre en calories (« chow », riche en graines et céréales). Ce groupe, dit « CYCL » (modèle yoyo), a été comparé à un groupe contrôle (régime chow en continu) et à un groupe WD (régime WD en continu).

Les régimes yoyo induisent des troubles du comportement alimentaire

Les auteurs ont trouvé que, si les souris CYCL perdaient du poids à chaque fois qu’elles repassaient au régime chow, à la fin des cycles 2 et 3, elles avaient rattrapé les souris WD en termes de prise de poids. En effet, en réponse à chaque introduction du régime WD, les souris développaient une phase hyperphagique, notamment pendant les 8 premières heures. De plus, cette phase augmentait avec le nombre de cycles (de 32 % entre les cycles 1 et 3). Cette hausse progressive était spécifique aux souris CYCL, car elle disparaissait complètement après la première exposition au régime WD chez les souris nourries en continu avec WD, et n'était pas observée chez les contrôles.

Ainsi, ces résultats montrent que l’alternance de régimes standard et gras-sucré induit des variations de poids de type yoyo chez les souris et une modification de leur comportement alimentaire vers une hyperphagie spécifique aux aliments gras ou sucrés.

En parallèle, les auteurs ont mis en évidence dans ce groupe de souris une activation cérébrale des mécanismes de récompense, avec une augmentation de l’expression de gènes liés aux voies opioïdergiques et dopaminergiques (OPRM1, PENK, TH, DRD2). Des changements cellulaires ont également été identifiés dans le tronc cérébral, zone qui intègre les informations émanant de l’intestin.

Le remodelage microbien en cause

L’analyse d’échantillons fécaux a révélé une dysbiose chez les souris hyperphagiques.

Les scientifiques ont donc transféré ce microbiote à des souris saines. Résultat : ces dernières ont développé le même comportement compulsif vis-à-vis des aliments gras ou sucrés, montrant le rôle du microbiote dans le dérèglement des comportements alimentaires.

Ces résultats confirment les effets potentiellement néfastes sur la santé des régimes restrictifs à répétition. Les régimes yoyo provoquent une dysbiose intestinale persistante, qui module à son tour la réponse hédonique à l’alimentation via l’axe intestin-cerveau.

Pour confirmer les applications potentielles de ces premiers résultats, des travaux complémentaires chez l’humain sont nécessaires.

Pour en savoir plus
Santos I, Sniehotta FF, Marques MM, et al. Prevalence of personal weight control attempts in adults: a systematic review and meta-analysis.  Obes Rev 2017;18(1):32-50.
Fouesnard M, Salin A, Ribes S, et al. Weight cycling deregulates eating behavior in mice via the induction of durable gut dysbiosis. Advanc Sci 26 juin 2025.
INRAE. Troubles alimentaires liés aux régimes à répétition : rôle clé du microbiote. 30 juin 2025.

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