Est-ce une réalité immuable ? Non, et pourtant le constat est là : selon les chiffres de l’Anses publiés en 2020, 49 % des 11 - 17 ans sont considérés comme « sédentaires et inactifs ». Et, parmi eux, 17 % sont dans une situation particulièrement à risque puisqu’ils combinent les plus forts niveaux d’inactivité physique et les plus forts taux de sédentarité, se traduisant par un risque élevé de développer un surpoids ou une obésité, des troubles du comportement alimentaire et des qualités du sommeil et de vie altérées. Plus tard, à l’âge adulte, ces comportements peuvent être à l’origine de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2 ou de divers cancers.1
Les recommandations de l’OMS1 pour les enfants de 5 à 17 ans sont claires : pratiquer au moins soixante minutes par jour d’activité physique sollicitant les aptitudes cardiorespiratoires, musculaires et osseuses à une intensité modérée à élevée ; toute activité physique, même limitée, vaut mieux qu’aucune activité. Il est, de plus, recommandé de limiter le temps d’écran de loisir, qui contribue ô combien à la sédentarité. Facile à mettre en place ? Non, mais des leviers existent ; tel est l’objet du récent rapport de l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps).2
Originalité de ce rapport : il n’est pas uniquement centré sur l’injonction de diminuer drastiquement le temps d’écran des enfants et adolescents (le temps d’écran quotidien moyen en 2022 était de 5 h 10 pour les 13 - 19 ans contre 4 h 20 en 2011 [Ipsos], soit une augmentation effrayante d’environ 48 % dans cette tranche d’âge), mais l’Onaps y détaille tous les facteurs influençant l’activité physique et la sédentarité afin de mieux identifier les éléments facilitants et les obstacles.
Portés par les inégalités sociales, économiques et culturelles, de nombreux facteurs d’influence sont un frein à la pratique sportive : l’absence de pratique sportive dans l’enfance (il a été montré que les habitudes de pratique sportive se déterminent dès l’âge de 5 ans),3 un rapport négatif au corps (notamment celui des filles ou des femmes ; en 2020, 40,8 % des personnes licenciées dans un club de sport étaient des filles)3, l’entourage social et relationnel inactif, l’absence de lieux de pratique sportive à proximité du domicile… Et il est prouvé que l’inactivité physique est plus importante lorsque l’enfant et ses parents appartiennent à un milieu socio-économique défavorisé. Cette population, de fait vulnérable, mérite donc toute l’attention.
En consultation, il est possible, par exemple, d’insister auprès des parents sur ce rôle de modèle et de soutien qu’ils représentent. Impliquer la fratrie et encourager l’identification à une figure sportive (Léon Marchand ?) peuvent être un levier. Par ailleurs, proposer des programmes favorisant une approche familiale de l’activité physique comme « un parent-un ado » peut aussi permettre d’initier une pratique sportive chez ces patients. Lancé auprès des populations défavorisées, ce programme consiste en des séances collectives et régulières avec les parents et les adolescents dans le but de les sensibiliser au sport et à ses bienfaits.5
Gageons que les Jeux olympiques et paralympiques qui viennent d’avoir lieu dans notre capitale et qui ont permis l’installation de nouveaux équipements sportifs auront un effet incitatif chez les plus jeunes.
2. Onaps. Facteurs d'influence de l’activité physique et sportive et de la sédentarité chez les jeunes (10-19 ans). 2024.
3. Garcia MC, Ottogalli-Mazzacavallo C. La féminisation du sport fédéral : une affaire de petites et jeunes filles ? Agora débats/jeunesses 2022;90(1):71‑85.
4. Farfal H, Bois J, Lhuisset L. Évaluation d’un programme d’activité physique associant adolescents et parents issus de position sociale et économique défavorisée : l’étude pilote un parent-un ado. Science & Sports 2018;33(5):237‑48.