Chaque consultation doit être l’occasion de poser la question de la prise de substances pendant l’entraînement ou les compétitions et rechercher le rôle des parents et de l’entraîneur.
L’usage de substances aux fins de performance par les jeunes sportifs est une réalité peu connue. Pourtant, le plus jeune cas documenté de dopage aux stéroïdes anabolisants concerne un enfant âgé de 8 ans.1
Dopage et conduite dopante
Le dopage est la prise, par un sportif, d’une substance inscrite sur la liste des interdictions éditée annuellement par l’Agence mondiale antidopage, et reprise dans l’arsenal juridique français par décret.*
D’autres substances, autorisées cette fois-ci, sont également utilisées, parfois après avoir été détournées de leurs usages originels.
On parle alors de conduites dopantes, c’est-à-dire de consommations de produits, quelle qu’en soit la nature, pour surmonter un obstacle réel ou ressenti (examen, heures supplémentaires, compétition, etc.), aux fins de performances (sportives ou non).2
L’obstacle peut être perçu par l’usager de la substance ; c’est souvent le cas lorsque celui-ci est adolescent. Mais il peut aussi l’être par son entourage : ses parents, ses coéquipiers, son entraîneur, etc. Ce sont eux qui, dans ce cas, signifient au jeune que son état justifie potentiellement la prise d’un produit pour améliorer sa performance, voire le lui fournissent en direct.
Les conduites dopantes constituent, dans certains cas, une porte d’entrée vers le dopage. Ainsi en est-il des compléments alimentaires qui, à certaines occasions, pourraient mener des sportifs vers l’usage de substances interdites.
D’autres substances, autorisées cette fois-ci, sont également utilisées, parfois après avoir été détournées de leurs usages originels.
On parle alors de conduites dopantes, c’est-à-dire de consommations de produits, quelle qu’en soit la nature, pour surmonter un obstacle réel ou ressenti (examen, heures supplémentaires, compétition, etc.), aux fins de performances (sportives ou non).2
L’obstacle peut être perçu par l’usager de la substance ; c’est souvent le cas lorsque celui-ci est adolescent. Mais il peut aussi l’être par son entourage : ses parents, ses coéquipiers, son entraîneur, etc. Ce sont eux qui, dans ce cas, signifient au jeune que son état justifie potentiellement la prise d’un produit pour améliorer sa performance, voire le lui fournissent en direct.
Les conduites dopantes constituent, dans certains cas, une porte d’entrée vers le dopage. Ainsi en est-il des compléments alimentaires qui, à certaines occasions, pourraient mener des sportifs vers l’usage de substances interdites.
Épidémiologie du dopage
Les études menées depuis la fin des années 1980 suggèrent que la prévalence moyenne de l’expérimentation du dopage par les jeunes sportifs est de 3 à 5 %,3, 4 quel que soit leur niveau de pratique ou leur discipline (v. tableau ). En d’autres termes, sur environ 6 millions de licenciés âgés de moins de 18 ans en France, cela représenterait environ 240 000 individus. Ou encore, en moyenne, un jeune sur 25 dans un club ou une association sportive.
On observe une variation de la prévalence en fonction de :
– l’âge : d’environ 1 % autour de 11 ans, elle passe à 3 % à 15 ans, puis 5 % à 18 ans ;
– le sexe : la prévalence est toujours plus élevée chez les garçons ;
– l’engagement sportif : la prévalence croît au-delà de 8 heures de pratique par semaine ou avec la participation à des compétitions. Par exemple, elle augmente avec le niveau de pratique (local, régional, national).
Ces données sont recueillies par des questionnaires essentiellement, les entretiens ou les analyses biologiques étant très peu employés dans ces catégories d’âge. Par conséquent, il s’agit de données déclaratives, mais dont la relative fiabilité chez les adolescents a été montrée par plusieurs auteurs. Bien entendu, une omission ou un ajout, volontaires ou non, sont toujours possibles et peuvent influencer les chiffres. C’est pourquoi de nouveaux algorithmes mathématiques, comme la méthode des réponses aléatoires, ont été proposés – chez les adultes pour l’instant – pour affiner les résultats. Enfin, en dessous de 11 ans, on ne dispose d’aucune donnée épidémiologique par manque de méthode de recueil adaptée.
On observe une variation de la prévalence en fonction de :
– l’âge : d’environ 1 % autour de 11 ans, elle passe à 3 % à 15 ans, puis 5 % à 18 ans ;
– le sexe : la prévalence est toujours plus élevée chez les garçons ;
– l’engagement sportif : la prévalence croît au-delà de 8 heures de pratique par semaine ou avec la participation à des compétitions. Par exemple, elle augmente avec le niveau de pratique (local, régional, national).
Ces données sont recueillies par des questionnaires essentiellement, les entretiens ou les analyses biologiques étant très peu employés dans ces catégories d’âge. Par conséquent, il s’agit de données déclaratives, mais dont la relative fiabilité chez les adolescents a été montrée par plusieurs auteurs. Bien entendu, une omission ou un ajout, volontaires ou non, sont toujours possibles et peuvent influencer les chiffres. C’est pourquoi de nouveaux algorithmes mathématiques, comme la méthode des réponses aléatoires, ont été proposés – chez les adultes pour l’instant – pour affiner les résultats. Enfin, en dessous de 11 ans, on ne dispose d’aucune donnée épidémiologique par manque de méthode de recueil adaptée.
Principales substances utilisées
Parmi les substances autorisées, et à des fins de performance, ce sont les compléments alimentaires (vitamines, magnésium, produits enrichis en protéines) qui arrivent en tête des consommations. Viennent ensuite la créatine et des médicaments, sur prescription ou non, comme le fer, certains antalgiques, anti-inflammatoires ou anxiolytiques.
Depuis quelques années, on décrit également un usage consistant à mélanger des boissons dites « énergisantes » avec un peu d’alcool ou avec des substances « stimulantes » (vitamines à forte dose supposées lutter contre la fatigue), voire des boissons de type soda avec certains médicaments.
Enfin, parmi les produits inscrits sur la liste des substances interdites aux sportifs, on trouve le cannabis, les corticoïdes par voie générale et certains médicaments contre l’asthme (bêta-agonistes). Les autres, comme les stéroïdes anabolisants, les diurétiques ou l’hormone de croissance ont une consommation anecdotique.
Depuis quelques années, on décrit également un usage consistant à mélanger des boissons dites « énergisantes » avec un peu d’alcool ou avec des substances « stimulantes » (vitamines à forte dose supposées lutter contre la fatigue), voire des boissons de type soda avec certains médicaments.
Enfin, parmi les produits inscrits sur la liste des substances interdites aux sportifs, on trouve le cannabis, les corticoïdes par voie générale et certains médicaments contre l’asthme (bêta-agonistes). Les autres, comme les stéroïdes anabolisants, les diurétiques ou l’hormone de croissance ont une consommation anecdotique.
Incitation au dopage
Certains jeunes sportifs, dont la proportion mériterait d’être précisée, mais qui semble inférieure à 10 %, font l’objet d’une incitation au dopage, une pratique interdite (art L. 3633-3 du code de la santé publique). Les garçons pratiquant leur sport plus de 10 heures par semaine, compétiteurs, et peu satisfaits de leurs résultats sportifs sont les plus souvent concernés.
Les incitateurs recourent à deux grands types d’arguments, sans forcément préciser que le produit est interdit : améliorer la performance (« Avec ça, tu courras plus vite ») ou lutter contre la fatigue, l’anxiété ou la douleur (« C’est pour tenir le coup »).
Les « fournisseurs » sont volontiers des proches (camarades, parents, professionnels de la santé).
Les incitateurs recourent à deux grands types d’arguments, sans forcément préciser que le produit est interdit : améliorer la performance (« Avec ça, tu courras plus vite ») ou lutter contre la fatigue, l’anxiété ou la douleur (« C’est pour tenir le coup »).
Les « fournisseurs » sont volontiers des proches (camarades, parents, professionnels de la santé).
Contexte de la performance
La recherche de performance constitue le cœur de la finalité des conduites dopantes, et donc du dopage. Elle est déterminée par un grand nombre de facteurs, qu’une prise de substances peut influencer. Ainsi, on observe des consommations dont le but est d’agir sur les facteurs favorisants, comme la concentration ou la masse musculaire. D’autres, en revanche, tentent de réduire les facteurs défavorisants, qui gênent la quête de performance, comme la fatigue ou l’anxiété.
Pour bien comprendre la genèse d’une conduite dopante, il convient de garder trois points à l’esprit :
– la performance n’est pas systématiquement un exploit. Il s’agit, la plupart du temps, de la réalisation d’une fonction en situation ordinaire dans le cadre de la vie courante. Dans l’immense majorité des cas, le jeune sportif ne prend pas des substances pour battre un record mais pour surmonter un obstacle qui l’empêche d’atteindre un objectif ;
– la performance est réalisée pour soi-même. Mais, surtout chez les plus jeunes, elle s’adresse aussi à autrui, comme la prestation de l’enfant lorsqu’il se met en scène devant ses parents ou son entraîneur. Il se tisse alors un indéniable rapport d’altérité qui introduit le regard de l’autre dans le résultat de l’accomplissement de la tâche, et donc une analyse et une appréciation, voire un jugement ;
– enfin, à la performance s’attache, par définition, la notion de parvenir à un objectif, et donc celle d’échec quand celui-ci n’est pas atteint (avec, une nouvelle fois, l’éventuel jugement d’autrui, ici porté sur l’insuccès). L’échec devient donc une caractéristique constitutive de la performance et doit ainsi être regardé comme structurel. Pourtant, si certains prennent des substances pour vaincre ou gagner, d’autres en revanche y recourent pour ne pas échouer ou perdre. Les conduites dopantes, comme le dopage, constituent donc aussi un moyen de prévention de l’échec.
Pour bien comprendre la genèse d’une conduite dopante, il convient de garder trois points à l’esprit :
– la performance n’est pas systématiquement un exploit. Il s’agit, la plupart du temps, de la réalisation d’une fonction en situation ordinaire dans le cadre de la vie courante. Dans l’immense majorité des cas, le jeune sportif ne prend pas des substances pour battre un record mais pour surmonter un obstacle qui l’empêche d’atteindre un objectif ;
– la performance est réalisée pour soi-même. Mais, surtout chez les plus jeunes, elle s’adresse aussi à autrui, comme la prestation de l’enfant lorsqu’il se met en scène devant ses parents ou son entraîneur. Il se tisse alors un indéniable rapport d’altérité qui introduit le regard de l’autre dans le résultat de l’accomplissement de la tâche, et donc une analyse et une appréciation, voire un jugement ;
– enfin, à la performance s’attache, par définition, la notion de parvenir à un objectif, et donc celle d’échec quand celui-ci n’est pas atteint (avec, une nouvelle fois, l’éventuel jugement d’autrui, ici porté sur l’insuccès). L’échec devient donc une caractéristique constitutive de la performance et doit ainsi être regardé comme structurel. Pourtant, si certains prennent des substances pour vaincre ou gagner, d’autres en revanche y recourent pour ne pas échouer ou perdre. Les conduites dopantes, comme le dopage, constituent donc aussi un moyen de prévention de l’échec.
Prévention
La prévention des conduites dopantes et du dopage repose sur différents moyens qui concernent le jeune, ses parents, son entourage « sportif » (entraîneur, coéquipiers, etc.), les substances (lutte contre le trafic, etc.), et l’environnement général (pression de performance, etc.).
Dans cet ensemble, le médecin occupe une place légitime et pertinente en raison de son contact direct avec le jeune et ses parents.
Il dispose de plusieurs outils.
Dans cet ensemble, le médecin occupe une place légitime et pertinente en raison de son contact direct avec le jeune et ses parents.
Il dispose de plusieurs outils.
Le repérage précoce
Il s’agit du principe du repérage précoce et de l’intervention brève dont l’efficacité a déjà été soulignée pour l’arrêt du tabac. À chaque rencontre formelle (par exemple en consultation), la question de la prise de substances pendant l’entraînement ou les compétitions doit être formulée (en l’adaptant à l’âge du jeune sportif). Par exemple : « Est-ce que tu prends quelque chose pendant le match ? », si la réponse est oui « Dis-moi quoi ». Si l’une des substances est interdite ou détournée de ses indications, demander : « Sais-tu que ces produits sont interdits au sportif ? », rappeler la loi (de façon adaptée à l’âge) et proposer une aide pour arrêter. Si le jeune sportif ne souhaite pas arrêter, lui demander : « Pourquoi prends-tu ces produits ? ».
Les indicateurs de vigilance
D’une façon générale, chez l’enfant et l’adolescent, une estime de soi peu élevée, une anxiété, et une influençabilité à la pression des pairs constituent des facteurs de risque de recours au dopage.5 L’exigence de résultats (de la part de l’entraîneur ou des parents) et la crainte de l’échec en sont deux autres. De plus, maints travaux ont suggéré l’aspect « prédictif » d’une intention exprimée.6 Un jeune sportif qui ne consommerait aucune substance, mais qui avance qu’il serait tenté de le faire est environ 10 fois plus à risque de passer à l’acte dans les 6 mois qu’un autre qui n’en aurait aucune intention.3 Enfin, l’usage de substances interdites est souvent associé à celui de produits comme le tabac, l’alcool ou le cannabis. Rappelons enfin que la prévalence du dopage est plus élevée chez les garçons et ceux qui sont largement engagés dans leur pratique.
L’appui spécialisé
En cas de besoin, les jeunes et leurs parents peuvent être orientés vers une structure spécialisée : l’antenne médicale de prévention du dopage (AMPD). Il en existe une par région, en général localisée dans un centre hospitalier régional universitaire.
Conclusion
Le dopage des enfants, bien que marginal, est une réalité. Le plus souvent, les adultes qui entourent le jeune sportif en sont responsables. Y compris, parfois, ses propres parents.
* Cette liste est consultable sur le site de l’Agence française de lutte contre le dopage : www.afld.fr
Références
1. Tanner SM, Miller DW, Alongi C. Anabolic steroid use by adolescents: prevalence, motives, and knowledge of risks. Clin J Sport Med 1995;5:108-15.
2. Laure P. Dopage et société. Paris : Ellipses, 2000.
3. Laure P, Binsinger C. Doping prevalence among preadolescent athletes: a 4-year follow-up. Br J Sports Med 2007;41:660-3.
4. Shah J, Janssen E, Le Nezet O, et al. Doping among high school students: findings from the French ESPAD survey. Eur J Public Health 2019;29:1135-40.
5. Salla J, Mouren MC, Michel G. Factors associated with taking doping products in child and adolescent sports: Critical analysis of the literature. Can Psychol 2015;56:88-95.
6. Lazuras L, Barkoukis V, Tsorbatzoudis H. Toward an integrative model of doping use: an empirical study with adolescent athletes. J Sport Exerc Psychol 2015;37:37-50.
2. Laure P. Dopage et société. Paris : Ellipses, 2000.
3. Laure P, Binsinger C. Doping prevalence among preadolescent athletes: a 4-year follow-up. Br J Sports Med 2007;41:660-3.
4. Shah J, Janssen E, Le Nezet O, et al. Doping among high school students: findings from the French ESPAD survey. Eur J Public Health 2019;29:1135-40.
5. Salla J, Mouren MC, Michel G. Factors associated with taking doping products in child and adolescent sports: Critical analysis of the literature. Can Psychol 2015;56:88-95.
6. Lazuras L, Barkoukis V, Tsorbatzoudis H. Toward an integrative model of doping use: an empirical study with adolescent athletes. J Sport Exerc Psychol 2015;37:37-50.