Les données publiées par le Système national des données de santé (SNDS) en 2022 mettent en évidence une prévalence de l’insuffisance cardiaque (IC) de 1 376 692 cas annuels, conduisant à 181 178 hospitalisations et 24 645 décès. Dans une cohorte écossaise de 56 658 sujets avec un suivi à dix ans (suivi médian : 2,04 ans), en prenant comme groupe de référence les IC (survie à cinq ans : 55,8 %), ceux-ci avaient une mortalité plus élevée de 30 % par rapport aux patients porteurs d’un cancer de la prostate et de 12 % par rapport aux porteurs d’un cancer de la vessie ; en revanche, leur mortalité était près de quatre fois moins élevée que celle des porteurs d’un cancer du poumon et de 23 % moindre que celle des porteurs d’un cancer colorectal. Chez les femmes (survie à cinq ans : 49,5 %), la mortalité était 35 % plus élevée que pour les porteuses d’un cancer du sein mais meilleure que celle du cancer colorectal (- 21 %), du cancer du poumon (près de quatre fois moindre) et du cancer de l’ovaire (près de deux fois moindre).

La mortalité par IC entre 2001 et 2017 chez des patients pris en charge aux États-Unis est restée stable, à 57,9 pour 100 000. Le nombre d’hospitalisations pour IC entre 2004 et 2018 a augmenté dans les deux sexes depuis 2013 (de 4 à 5 %) tandis que la mortalité hospitalière a diminué (de 4 à 2,5 %). Les Afro-Américains avaient le risque le plus élevé d’hospitalisation et les Caucasiens avaient la mortalité hospitalière la plus haute.

Les principaux défis actuels sont multiples : IC du sujet âgé ou très âgé, comorbidités,

IC aiguë, conditions socio-économiques, adhésion aux recommandations. Ces facteurs contribuent à expliquer la stagnation de la mortalité malgré les progrès considérables de la pharmacologie de l’IC. La stagnation de la mortalité chez les patients avec IC est en grande partie expliquée par l’augmentation des causes de décès non cardiovasculaires : les personnes défavorisées sur le plan socio-économique sont plus susceptibles de développer une IC que les personnes aisées (+ 61 %), et plus tôt (3,51 ans). En France, les personnes avec IC vivant dans les municipalités les plus défavorisées sur le plan socio-économique ont un taux d’hospitalisation 1,6 fois plus élevé que celles vivant dans les municipalités les moins défavorisées.

Michel Komajda, cardiologue, hôpital Saint-Joseph, membre de l’Académie nationale de médecine, Paris, France

11 mars 2025