L’ hémorragie intracérébrale (HIC) « spontanée » est une hémorragie parenchymateuse cérébrale survenant en dehors de tout traumatisme crânien chez un patient sans lésion cérébrale préexistante connue, ou identifiée dès la première imagerie (lésion vasculaire ou tumeur). Les HIC spontanées représentent 15 à 25 % des accidents vasculaires cérébraux (AVC), touchant 3,4 millions de personnes, avec 2,9 millions de décès chaque année dans le monde, soit 44 % de la mortalité de tous les AVC. Leur incidence s’est majorée entre 1985 et 2016 en raison d’une augmentation du nombre de patients de plus de 75 ans et surtout de plus de 85 ans porteurs de comorbidités, notamment neurologiques, de l’utilisation de traitements anticoagulants dans la prévention des complications emboliques de la fibrillation atriale et de la prévalence élevée de l’angiopathie amyloïde cérébrale et des HIC lobaires chez les sujets âgés. Pour la période 2017 - 2022, le taux d’attaque annuel brut (premiers événements et récidives d’HIC) est de 22,5/100 000 et le taux d’incidence annuel brut (premier épisode seul) de 18,3/100 000 au sein du registre dijonnais des AVC, créé en 1985. Rapporté à la population en France en 2020, on estime à 16 400 le nombre de cas annuels, avec un taux d’attaque standardisé de 24,3/100 000 et un taux d’incidence standardisé de 19,7/100 000. Une légère diminution des taux d’attaque est cependant notée pour la période 2017 - 2022, pouvant traduire l’arrivée des nouveaux anticoagulants oraux aussi efficaces que les antivitamines K sur le risque ischémique cérébral mais associés à une réduction de 50 % du risque d’HIC. Le pronostic vital après une HIC spontanée reste sombre, avec une mortalité à un mois de 38,8 % en raison de l’âge avancé et de la sévérité de l’HIC, et une faible survie à dix ans de 25 % (deux tiers des décès dans la première année). Aucune amélioration n’est notée concernant la mortalité précoce des quarante-huit premières heures, soulignant l’absence de progrès thérapeutique dans la phase aiguë. Entre quarante-huit heures et trente jours, une meilleure prise en charge des patients en unité neurovasculaire réduit toutefois les complications secondaires menaçant le pronostic vital. Avec le vieillissement de la population, le nombre de cas annuels pourrait dépasser les 24 000 en France en 2050.
Didier Leys, professeur honoraire de neurologie, université de Lille, Inserm 1172, Lille, et Yannick Bejot, service de neurologie, CHU Dijon Bourgogne, registre dijonnais des AVC, EA7460, université de Bourgogne, France
18 mars 2025