Pourquoi deux patients prenant le même médicament peuvent-ils réagir différemment ? Une partie de la réponse se trouve dans le foie, où des transporteurs membranaires, comme les OATP (organic anion transporting polypeptides), influencent la distribution, l’élimination et parfois la toxicité des traitements. Anticiper la variabilité pourrait aider à optimiser les doses dans les populations cibles.La tomographie par émission de positons (TEP) avec un traceur spécifique, le glyburide marqué au 11C, permet de visualiser en temps réel la captation hépatique du médicament chez l’humain. Dans une étude clinique (IsotoPK), menée sur des volontaires sains (hommes et femmes de plus de 50 ans et hommes de moins de 30 ans), les chercheurs ont comparé l’absorption hépatique du glyburide, avec ou sans administration de rifampicine (un inhibiteur des OATP).Résultats : la captation hépatique varie selon le sexe, avec une exposition hépatique potentiellement plus importante chez les femmes, non détectable à partir des données plasmatiques, ce qui peut masquer des différences cliniquement pertinentes ; l’âge, en revanche, n’influence que très peu la cinétique hépatique du médicament.Les OATP jouent un rôle central dans la distribution hépatique de nombreux médicaments. Une variabilité d’activité selon le sexe pourrait expliquer certaines toxicités hépatiques plus fréquentes chez les femmes. L’imagerie moléculaire ouvre la voie à une personnalisation des doses et à une meilleure anticipation des effets indésirables.
Solène Marie, AP-HP, université Paris-Saclay, hôpital Bicêtre, pharmacie clinique, Le Kremlin-Bicêtre, France
1er avril 2025