L’évaluation est un garant du bon fonctionnement et de l’intégrité de la recherche scientifique. Au fil des années, une tendance forte au développement d’indicateurs quantitatifs a émergé, très souvent fondée sur l’utilisation de paramètres mis au point dans un autre but. C’est le cas notamment du facteur d’impact (FI) des journaux scientifiques ou, en France, dans le système hospitalier, du score SIGAPS (Système d’interrogation, de gestion et d’analyse des publications scientifiques). Ces indicateurs présentent de nombreux biais qui faussent le processus d’évaluation scientifique, que ce soient des recrutements et des promotions des chercheurs, l’évaluation des laboratoires, l’obtention de contrats de recherche ou l’attribution de prix scientifiques. Dans ce contexte a été élaborée il y a une dizaine d’années la déclaration DORA (Declaration on Research Assessment) qui énonce les principes d’une évaluation juste. Celle-ci repose sur l’examen qualitatif des travaux des chercheurs à travers l’analyse d’un petit nombre d’articles scientifiques choisis par le chercheur, l’échange avec celui-ci et l’évaluation de l’impact de ces recherches, tout en évitant de recourir aux indicateurs quantitatifs (FI, indice de citation, facteur H…). Cette déclaration a été adoptée par un grand nombre d’instances scientifiques internationales et françaises. Il importe que ces principes soient de fait mis en oeuvre.
Alain Fischer, membre de l’Académie nationale de médecine. Collège de France. Unité d’immunologie, hématologie et rhumatologie pédiatrique, hôpital Necker-Enfants malades, Paris, France.
12 avril 2022