Sérums d’allongement des cils
Les analogues des prostaglandines, développés initialement pour le traitement du glaucome, ont été intégrés dans des produits cosmétiques en raison de leur effet secondaire de stimulation de la pousse des cils. L’utilisation de ces sérums expose cependant à des effets indésirables notables : hyperpigmentation cutanée péri‑orbitaireavec parfois modification définitive de la couleur de l’iris en cas de contact oculaire ; irritations et rougeurs palpébrales.
Un repérage simple de ces produits consiste à rechercher la racine « prost » dans la liste de leurs ingrédients cosmétiques selon la nomenclature internationale INCI, comme l’isopropyl cloprosténate ou le bimatoprost. Une vigilance accrue vis-à-vis de ces produits s’impose en raison de la promotion croissante de ce type de produits sur les réseaux.
Extensions de cils
La pose d’extensions, qu’il s’agisse de techniques cil à cil ou de clusters, est réalisée par des « lash artists ». Cette nouvelle pratique en plein essor expose les consommatrices à des complications dermatologiques (eczéma, voir figure) et les praticiennes à des risques professionnels.
Elle repose sur l’application de fibres artificielles fixées aux cils naturels. Ces dernières peuvent être constituées de matériaux d’origine animale ou végétale (soie, vison, cheveux humains, crin de cheval), mais également de polymères synthétiques tels que le polybutylène téréphtalate. Une fois appliquées, les extensions restent en place entre 4 et 8 semaines.
Les colles utilisées appartiennent à la famille des acrylates, comme le 2‑hydroxyéthyl acrylate (identifié comme le principal responsable des réactions indésirables). L’utilisation des acrylates ne se cantonne pas au domaine cosmétique (vernis à ongles etc.) : on les retrouve par exemple dans certains matériaux utilisés par les dentistes.
Par ailleurs, l’utilisation répétée de ces extensions de cils est susceptible d’entraîner l’apparition progressive de sécheresse oculaire. De plus, la présence de faux cils s’accompagne fréquemment d’une diminution des pratiques d’hygiène oculaire, les patientes évitant le nettoyage des paupières afin de préserver la tenue des extensions.
Une étude a montré que l’application de faux cils induit une perturbation transitoire de la surface oculaire : la sensation de corps étranger et la coloration cornéenne sont particulièrement marquées dans l’heure qui suit la pose, tandis que le temps de rupture du film lacrymal est significativement réduit à une semaine. Ces données suggèrent que les extensions de cils altèrent l’intégrité de la surface oculaire, en particulier durant la première semaine suivant leur application.
Cils aimantés
Alternative émergente aux extensions de cils classiques, les cils aimantés ne nécessitent pas de colle. Deux procédés sont actuellement proposés : la technique de la double bande aimantée, qui permet de fixer deux franges de cils artificiels autour des cils naturels grâce à de minuscules aimants ; ou alors un eye‑liner magnétique dont la formulation contient des particules d’oxyde de fer, qui assurent l’adhésion des cils aimantés à la paupière. Bien que séduisante par son caractère réversible et non invasif, cette méthode peut provoquer des irritations cutanées ou conjonctivales, ainsi que des réactions allergiques chez les personnes sensibles aux oxydes ou aux conservateurs présents dans ces formules.
Il faut également informer les utilisatrices des risques lors de la réalisation d’une IRM : la présence de particules métalliques entraîne des risques de déplacement sous l’effet du champ magnétique, ainsi que la formation d’artefacts compromettant la qualité des images. Leur port est donc contre‑indiqué lors de ces examens d’imagerie.
Permanentes et rehaussement des cils
Le rehaussement de cils, également appelé permanente des cils, repose sur l’application de lotions chimiques pour modifier la courbure des cils naturels. Ces solutions recourbantes et fixatrices, qui agissent sur la structure de la kératine en rompant puis en reformant les ponts disulfures, sont à l’origine de l’effet recherché mais peuvent également provoquer des réactions allergiques ou irritatives (rougeurs, prurit, œdème palpébral, voire conjonctivite allergique). Ces lotions contiennent souvent des thioglycolates, molécules bien connues pour leur potentiel sensibilisant dans les produits capillaires pour permanentes.
La procédure utilise généralement des supports en silicone, appelés pads, placés sur la paupière supérieure. Ces coussinets souples servent de moule pour guider la forme des cils. Les cils sont fixés sur ces pads à l’aide d’une colle spécifique, le plus souvent à base d’acrylates, molécules très allergisantes. Les lotions recourbantes et fixatrices sont ensuite appliquées successivement afin de stabiliser la nouvelle courbure. L’effet obtenu est immédiat et persiste en moyenne 6 à 8 semaines, correspondant au cycle naturel de renouvellement des cils. Dans certains cas, un soin nourrissant ou hydratant est appliqué en fin de procédure pour limiter la fragilisation du poil.
Tous ces éléments fragilisent sans aucun doute les paupières et entraînent des risques oculaires et péri-orbitaires dont les utilisatrices sont loin d’ignorer la teneur.
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