Ce traitement non hormonal des symptômes vasomoteurs de la ménopause, qui a obtenu l’AMM européenne il y a deux ans, peut engendrer des lésions hépatiques graves, selon des cas récemment rapportés à l’ANSM. Quelle surveillance et quelle conduite à tenir en cas d’anomalies ?

Commercialisée sous le nom de Veoza (fézolinétant 45 mg), cette molécule vient d’être rendue disponible en France en avril 2025 ; elle est indiquée dans le traitement des symptômes vasomoteurs (bouffées de chaleur) modérés à sévères de la ménopause.

Ce traitement n’est pas recommandé chez les patientes ayant une insuffisance hépatique chronique modérée ou sévère, et la nécessité de surveiller tout au long du traitement la fonction hépatique des femmes atteintes d’un trouble hépatique connu ou suspecté est rappelée dans le RCP. En effet, des conséquences sur la fonction hépatique avaient déjà été constatées dans l’essai clinique, avec des augmentations des taux d’ALAT et ASAT plus fréquentes chez les femmes prenant le traitement par rapport à celles prenant le placebo. Ces anomalies étaient toutefois restées majoritairement asymptomatiques dans l’étude.

Néanmoins, l’ANSM informe aujourd’hui que des lésions hépatiques graves ont été observées chez des patientes prenant du fézolinétant après sa mise sur le marché. Il s’agit de cas graves avec augmentations des ALAT et/ou des ASAT (> 10 x LSN) et des augmentations concomitantes de la bilirubine et/ou de la phosphatase alcaline (PAL). Ces anomalies ont été associées dans certains cas à des symptômes évoquant une lésion du foie tels que fatigue, prurit, ictère, urines foncées, selles claires, nausée, vomissement, appétit diminué et/ou douleur abdominale. Ces anomalies biologiques et signes cliniques étaient généralement réversibles à l’arrêt du traitement.

L’agence a donc lancé une alerte informant les médecins généralistes, gynécologues, hépato-gastro-entérologues et pharmaciens de la conduite à tenir vis-à-vis de ce risque.

Recommandations pour les professionnels de santé

Un bilan hépatique doit être effectué avant toute instauration du traitement par fézolinétant. En cas de taux sériques d’ALAT ou d’ASAT ≥ 2 x LSN (limite supérieure à la normale) ou de taux de bilirubine totale ≥ 2 x LSN, le traitement ne doit pas être initié.

Durant les 3 premiers mois de traitement, il est nécessaire de surveiller la fonction hépatique tous les mois. La surveillance devra ensuite être adaptée selon le contexte clinique : en présence de symptômes suggérant une lésion hépatique, un bilan hépatique doit être réalisé.

Le traitement par fézolinétant doit être arrêté dans les situations suivantes :

  • élévation des transaminases ≥ 3 x LSN avec : bilirubine totale > 2 x LSN OU symptômes de lésion hépatique ;
  • élévation des transaminases > 5 x LSN.

La surveillance de la fonction hépatique doit être poursuivie jusqu’à normalisation.

Enfin, la balance bénéfice/risque sera réévaluée à la lumière de ces nouvelles informations sur le risque de lésion hépatique, qui seront incluses dans le RCP en tant qu’effet indésirable de fréquence « indéterminée » (celle-ci ne pouvant pas être calculée à partir des données disponibles).

Que dire aux patientes ?

Elles doivent être informées qu’il faut consulter immédiatement un médecin devant l’apparition des signes suivants, évocateurs d’une lésion hépatique : fatigue, prurit, jaunisse, urine foncée, selles claires, nausées, vomissements, diminution de l’appétit et/ou douleurs abdominales.

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