Les cellules et les tissus de l’organisme subissent constamment des forces mécaniques, telles que l’étirement des cellules musculaires, la compression des cellules adjacentes aux tumeurs solides et les forces de cisaillement dues à l’écoulement des fluides dans les vaisseaux. La plupart des détecteurs mécaniques (mécano-senseurs) se situent au niveau de la membrane plasmique qui constitue à la fois une barrière physique entre la cellule et son environnement extérieur, et une plateforme biochimique. Cette interface permet la réponse cellulaire aux stimuli mécaniques et l’initiation des signaux biochimiques qui en résultent. Les forces mécaniques influencent le comportement cellulaire, régulant des fonctions allant de la signalisation à la transcription des gènes. Elles jouent donc un rôle important dans nombre de pathologies (cancers, fibrose, maladies cardiovasculaires et neurodégénératives...).Les cavéoles sont des petites invaginations de la membrane plasmique riches en cholestérol et en glycosphingolipides, associées à la signalisation intracellulaire. L’intégrité structurelle et fonctionnelle des cavéoles repose sur deux groupes de protéines essentielles, les cavéolines et les cavines. Le rôle des cavéoles dans la réponse cellulaire aux stress mécaniques est crucial : ils sont à la fois mécano-protecteurs et mécano-senseurs. L’une des caractéristiques essentielles des cavéoles est leur rôle multifonctionnel dans divers processus cellulaires, notamment l’endocytose, le transport des lipides, la transduction des signaux et, plus récemment, la mécanique cellulaire.La découverte récente de la fonction mécanique des cavéoles permet de revisiter la pathogenèse des maladies impliquant ces structures. Les mutations responsables de la mauvaise localisation ou de la déficience des cavéolines et des cavines entraînent une large gamme de troubles. Initialement cantonnées aux dystrophies musculaires, les cavéolinopathies intéressent aujourd’hui un nombre grandissant de pathologies : augmentation de la pression intraoculaire dans le glaucome, anomalies de prolifération des fibroblastes dans les cicatrices chéloïdiennes, dans la fibrose hépatique ou pulmonaire...Les avancées dans ces domaines ouvrent des perspectives pour de nouvelles stratégies thérapeutiques et biomarqueurs diagnostiques fondés sur la fonction mécanique des cavéoles. D’ores et déjà, la cavéoline est proposée comme nouvelle cible thérapeutique dans ces pathologies.