L’incidence estimée de la gastroentérite aiguë chez les enfants de moins de 5 ans est de 1 à 2 épisodes annuels dans les pays industrialisés1. En France, elle représente environ 130 000 consultations aux urgences pédiatriques par an pour 19 000 hospitalisations.2 S’il est établi que l’ondansétron améliore les symptômes lorsqu’il est administré aux urgences aux enfants souffrant de vomissements associés à une gastroentérite aiguë, l’intérêt de sa prescription en sortie d’hôpital reste incertain.
Afin d’y voir plus clair, des chercheurs ont mené un essai de supériorité randomisé en double aveugle sur 1 029 enfants (âgés de 6 mois à 17 ans inclus ; âge médian = 4 ans) pris en charge pour une gastroentérite aiguë parmi 6 services d’urgences pédiatriques au Canada. Les critères d’inclusion étaient : diagnostic de gastroentérite aiguë et ≥ 3 épisodes émétiques dans les 24 h précédant le début de l’étude, apparition des symptômes (nausées ou diarrhées) < 72 h avant, vomissements dans les 6 h avant et prescription d’ondansétron par le service des urgences.
Ondansétron contre placebo à domicile
Les patients ont été répartis de manière aléatoire (ratio 1 :1) selon leur lieu de prise en charge et leur poids (< 20 kg ou ≥ 20 kg) pour recevoir à leur sortie soit de l’ondansétron (6 doses de 0,15 mg/kg), soit un placebo. Le protocole consistait pour les aidants à administrer aux patients jusqu’à 6 doses maximum, au besoin en cas de nausées (avec 8 h minimum entre 2 administrations), pendant les 48 premières heures de l’étude. Le critère de jugement principal était la persistance d’une gastroentérite modérée à sévère pendant les 7 jours de suivi, définie par un score ≥ 9 sur l’échelle modifiée de Vesikari.3 Les critères de jugements secondaires comportaient la présence de vomissements, leur durée, leur fréquence, les consultations médicales non programmées dans les 7 jours et l’injection de solutés intraveineux.
Les résultats sont parus mi-juillet 2025 dans le NEJM.4La gastroentérite modérée à sévère a persisté chez 5,1 % des patients traités par ondansétron (N = 23 sur 452 participants pour lesquels des données étaient disponibles), contre 12,5 % des patients du groupe placebo (N = 55 sur 441 participants) [différence brute des risques : - 7,4 % ; IC 95 % : - 11,2 % à - 3,7 %]. Le nombre total d’épisodes émétiques dans les 48 premières heures était significativement inférieur dans le groupe traité par ondansétron par rapport au groupe placebo (taux ajusté : 0,76 ; IC 95 % : 0,67 à 0,87 ; p < 0,001). La survenue d’autres événements indésirables était comparable entre les deux groupes (7,0 et 7,1 %, respectivement). Cependant, les patients qui avaient reçu ≥ 3 doses d’ondansétron ont fait légèrement plus d’épisodes de diarrhées. Ce phénomène est possiblement dose-dépendant, dans la mesure où il n’a été observé que lorsque plusieurs doses du médicament ont été administrées.
Cette étude montre que prescrire des doses supplémentaires d’ondansétron chez les enfants atteints de gastroentérite à la sortie des urgences, afin que les aidants puissent l’administrer à domicile si besoin, est associé à un moindre risque de gastroentérite persistante modérée à aiguë.
2. HDH. Établissement d’une valeur seuil de cétonémie capillaire prédictive de la sévérité des gastro entérites aigues de l’enfant de 3 mois à 10 ans.
3. Schnadower D, Tarr PI, Gorelick MH, et al. Validation of the modified Vesikari score in children with gastroenteritis in 5 US emergency departments. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2013;57(4):514-9.
4. Freedman SB, Williamson-Urquhart S, Plint AC, et al. Multidose Ondansetron after Emergency Visits in Children with Gastroenteritis. N Engl J Med 2025;393(3):255-66.