S’il est établi que l’ondansétron améliore les symptômes lorsqu’il est administré aux urgences aux enfants souffrant de vomissements associés à une gastroentérite aiguë (GEA), l’intérêt de sa prescription en sortie d’hôpital reste incertain.Des chercheurs ont mené un essai de supériorité randomisé en double aveugle sur 1 029 enfants (âgés de 6 mois à 17 ans inclus ; âge médian : 4 ans) pris en charge pour une gastroentérite aiguë dans six services d’urgences pédiatriques au Canada. Les critères d’inclusion étaient les suivants : diagnostic de GEA et au moins trois épisodes émétiques dans les vingt-quatre heures précédant le début de l’étude, apparition des symptômes (nausées ou diarrhées) moins de soixante-douze heures avant, vomissements dans les six heures avant et prescription d’ondansétron par le service des urgences.Les patients ont été répartis de manière aléatoire (ratio 1 :1) selon leur lieu de prise en charge et leur poids ( 20 kg ou ≥ 20 kg) pour recevoir à leur sortie soit de l’ondansétron (six doses de 0,15 mg/kg), soit un placebo. Le protocole consistait pour les aidants à administrer aux patients jusqu’à six doses au maximum, au besoin en cas de nausées (avec huit heures au minimum entre deux administrations), pendant les quarante-huit premières heures. Le critère de jugement principal était la persistance d’une gastroentérite modérée à sévère pendant les sept jours. Les critères de jugement secondaires comportaient la présence de vomissements, leur durée, leur fréquence, les consultations médicales non programmées dans les sept jours et l’injection de solutés intraveineux.Les résultats sont parus mi-juillet 2025 dans le New England Journal of Medicine. La gastroentérite modérée à sévère a persisté chez 5,1 % des patients traités par ondansétron, contre 12,5 % des patients du groupe placebo. Le nombre total d’épisodes émétiques dans les quarante-huit premières heures était significativement inférieur dans le groupe traité par ondansétron par rapport au groupe placebo. La survenue d’autres événements indésirables était comparable entre les deux groupes (7 et 7,1 %, respectivement). Cependant, les patients qui avaient reçu au moins trois doses d’ondansétron ont eu légèrement plus d’épisodes de diarrhée. Ce phénomène est possiblement dose-dépendant, dans la mesure où il n’a été observé que lorsque plusieurs doses du médicament ont été administrées.Cette étude montre que prescrire des doses supplémentaires d’ondansétron chez les enfants atteints de gastroentérite à la sortie des urgences, afin que les aidants puissent l’administrer à domicile si besoin, est associé à un moindre risque de gastroentérite persistante modérée à aigu
Référence
N Engl J Med 2025;393(3):255-66. Freedman SB, Williamson-Urquhart S, Plint AC, et al. multidose ondansetron after emergency visits in children with gastroenteritis.PMID: 40673584