Un article publié dans Diabetes met en évidence des variations ethniques de l’HbA1C et un sur-risque d’hypoglycémie dans certaines populations. Des données à prendre en compte, notamment lors de l’instauration de l’insulinothérapie.

Dans le diabète de type 1, la réévaluation des doses d’insuline est déterminée en fonction de l’évolution du taux d’hémoglobine glyquée (HbA1c), qui reflète la glycémie sur une période de deux à trois mois. Si la relation entre glycémie moyenne et HbA1c peut être déduite selon des tables de correspondance, il semblerait toutefois que cette relation HbA1c/glycémie ne soit pas la même chez les patients blancs, sur lesquels sont basés les niveaux de référence, et chez les patients à peau noire.

Cette hypothèse a été renforcée grâce à une étude publiée en 2023 par des chercheurs américains. Cette dernière, qui avait comparé la glycémie et le taux de HbA1c chez 33 jeunes à peau noire non-hispaniques et 85 jeunes blancs non-hispaniques atteints de diabète de type 1, concluait que les premiers avaient un taux de HbA1c moyen significativement supérieur, quelle que soit la glycémie.

Des auteurs de cette publication ont cherché à tester ce résultat par l’observation des données de participation de l’étude clinique de référence Diabetes Control and Complications Trial (DCCT). Mené entre 1982 et 1993, cet essai multicentrique randomisé évaluait l’effet d’un traitement de contrôle de la glycémie sur l’apparition et la progression de complications vasculaires chez les patients. Sur les 1 441 participants, 1 391 étaient blancs non-hispaniques, et 29 étaient à peau noire non-hispaniques. En tenant compte de l’âge, du sexe, de la durée du diabète, de l’IMC et du bras de l’étude, les auteurs ont évalué pour les deux groupes de patients la relation entre HbA1c et glycémie, ainsi que le risque d’hypoglycémie sévère. Leurs résultats sont parus en juin dans Diabetes Care.

Quelle que soit la glycémie, les patients à peau noire avaient un taux de HbA1c significativement plus élevé (p-value = 0,013) que les patients blancs. Cette différence était plus marquée à des glycémies plus basses. Dans l’essai DCCT, 2 454 épisodes d’hypoglycémie sévère ont concerné 690 patients blancs et 68 épisodes ont concerné 15 patients à peau noire. Le risque relatif d’hypoglycémie sévère était 92 % plus élevé chez ces derniers (risque relatif = 1,92 ; IC95 % = [1,11 ; 3,32]), notamment à des taux de HbA1c plus faibles. Malgré la faible proportion de patients à peau noire dans l’essai DCCT pouvant affecter ces résultats, il en ressort que l’HbA1c conduit à surestimer la glycémie de cette population, et que son utilisation est associée à un risque plus élevé d’hypoglycémie sévère. Changer les doses d’insuline suivant l’évolution de la glycémie plutôt que suivant un seuil de HbA1c pourrait donc réduire ce risque.

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