Compte tenu du fardeau lié aux infections et aux cancers induits par les virus HPV et des données d’efficacité et de tolérance pour le vaccin Gardasil 9, la HAS recommande l’élargissement du rattrapage aux jeunes hommes et aux jeunes femmes, indépendamment de leur orientation sexuelle, jusqu’à l’âge de 26 ans révolus. Explications et modalités pratiques.

L’infection à papillomavirus humains est responsable chaque année de près de 6 400 nouveaux cas de cancer et 35 000 lésions précancéreuses. 

Près de 80 % des personnes sexuellement actives seront infectées à un moment de leur vie par un ou plusieurs HPV, avec un risque d’infection accru au commencement de la vie sexuelle. Si, dans la grande majorité des cas, l’infection à HPV est transitoire, une persistance de l’infection au-delà de deux ans est observée chez 5 à 10 % des personnes infectées pouvant entraîner des lésions précancéreuses susceptibles d’évoluer jusqu’au stade de cancer.

Pourtant, ce cancer est évitable grâce à deux interventions efficaces et complémentaires : le dépistage (recommandé dès l’âge de 25 ans) et la vaccination. Actuellement, la vaccination est recommandée en France pour les filles et garçons de 11 à 14 ans révolus, avec un rattrapage entre 15 et 19 ans révolus, et jusqu’à 26 ans révolus pour les hommes qui ont ou ont eu des relations sexuelles avec des hommes (HSH).

Cependant, malgré une amélioration de la couverture vaccinale notamment grâce à la campagne de vaccination au collège, celle-ci demeure insuffisante pour obtenir l’éradication de ces cancers : en 2024, 48 % des filles et 24,5 % des garçons de 16 ans ont réalisé un schéma complet (2 doses). Tout en soulignant que la priorité demeure la vaccination des adolescents de 11 à 14 ans, la HAS recommande aujourd’hui d’élargir le rattrapage à tous les jeunes adultes jusqu’à 26 ans révolus, indépendamment de leur orientation sexuelle. 

Quels arguments ? 

Cette nouvelle recommandation repose sur plusieurs arguments :

  • près de trois-quarts des moins de 25 ans n’ont pas d’infections actives aux virus HPV, les exposant ainsi au risque de primo-infection ou de réinfection ;
  • le pic d’incidence d’infection pour les femmes en France se situe dans la tranche d’âge de 20 à 24 ans ;
  • le risque d’infection aux virus HPV persiste tout au long de la vie chez les hommes et les femmes sexuellement actifs ;
  • une grande partie des jeunes (estimés à 3,6 millions des 20 à 26 ans) n’ont pas pu bénéficier de la vaccination à l’adolescence, ce qui constitue une perte de chance ;
  • le profil de sécurité de Gardasil 9 est bien établi et favorable, tant chez les adolescents que chez les adultes ;
  • des programmes de rattrapage vaccinal HPV jusqu’à 26 ans, voire au-delà, existent dans plusieurs pays européens et à l’international.

Quelles modalités ?

À partir de 15 ans, le vaccin Gardasil 9 doit être injecté selon un schéma à trois doses (M0, M2, M6). Les trois doses doivent être administrées en moins d’un an.

Une co-administration est possible avec les autres vaccins recommandés chez les jeunes adultes : le rappel dTcaP à l’âge de 25 ans et la vaccination de rattrapage contre les infections invasives à méningocoques (vaccins ACWY), désormais recommandée entre 15 et 24 ans.

La HAS invite les professionnels de santé à surveiller les personnes vaccinées pendant quinze minutes suivant l’injection, afin de prévenir le risque de syncopes et de malaises.

Attention à donner des messages clairs aux parents et aux ados : la protection conférée par le vaccin Gardasil 9 est optimale lorsqu’il est administré le plus tôt possible, à savoir à partir de l’âge de 11 ans ; la vaccination ne doit pas être retardée à l’âge adulte.

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