Les deux points principaux concernent la poursuite des traitements médicamenteux (sauf avis contraire du médecin) et la normalisation de la pression artérielle (PA). La période de confinement a en effet pu entraîner une baisse de la surveillance médicale des patients hypertendus, les exposant à un risque accru d’aggravation ou de déstabilisation de leur HTA.
Les professionnels de santé doivent donc rappeler à leurs patients qu’ils ne doivent en aucun cas modifier ou arrêter leur traitement sans avis médical, même pour les traitements par inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) ou par sartans (ARA2) au sujet desquels les patients ont pu s’inquiéter au début de l’épidémie (aucune donnée ne permet de faire un lien entre l’utilisation de ces deux classes thérapeutiques et l’infection par le nouveau coronavirus, mais en cas de fièvre élevée ou diarrhée importante, le médecin ou le pharmacien pourront proposer au patient une adaptation transitoire du traitement).
La HAS insiste également sur le respect des mesures hygiéno-diététiques, ainsi que des mesures barrières – étant donné que les patients avec une HTA compliquée sont à risque de développer une forme grave de Covid-19 –, et sur l’importance pour les professionnels de sensibiliser leurs patients à la nécessité de les alerter immédiatement en cas de mesure de la PA élevée, d’aggravation de leur état et de tout symptôme inhabituel.
L’essentiel
1. Préconiser chez les patients hypertendus, les mesures de précautions et de prévention recommandées en fonction de leur âge mais aussi des éventuelles comorbidités de l’HTA (en particulier le diabète, l’obésité, l’insuffisance rénale, etc.).
2. Les patients ayant une HTA compliquée (avec complications cardiaques, rénales, cérébrovasculaires) sont considérés comme à risque de développer une forme grave de Covid-19. Rappeler à ces patients l’importance du respect des mesures barrières spécifiques préconisées par le Haut Conseil de santé publique (avis HCSP du 20 avril).
3. Informer le patient de ne pas modifier ou arrêter un traitement par IEC ou par sartans (ARA2) sans avis médical. Il n’est pas non plus justifié d’introduire ces classes thérapeutiques, aucune donnée robuste actuellement ne permettant d’impliquer les IEC ou les sartans (ARA2) dans la survenue ou l’évolution du Covid-19, ni dans un sens positif, ni dans un sens délétère.
4. Informer le patient de ne pas modifier ou arrêter un traitement antihypertenseur, même en période épidémique, sans avis médical. De la même façon, s’assurer que les traitements prescrits dans le cadre de maladies chroniques associées (notamment le diabète) sont toujours poursuivis.
5. Rappeler au patient que même en période épidémique, il doit alerter son médecin traitant ou un médecin de proximité en cas de problème, d’aggravation de son état ou de symptôme inhabituel. Il devra alors mentionner son HTA et ses traitements en cours à tout professionnel de santé intervenant auprès de lui.
6. Informer le patient qu’en cas de fièvre élevée ou de diarrhée importante, il doit demander conseil à son médecin ou à son pharmacien car ces symptômes peuvent nécessiter d’adapter transitoirement les traitements par IEC, ARA2 et diurétiques compte tenu du risque de déshydratation et d’insuffisance rénale. De même, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont à éviter en automédication.
7. Encourager la continuité de l’automesure au domicile, selon les modalités habituelles suivies par le patient et anticiper en cas d’une consultation ou contact téléphonique prévu avec le médecin. En cas de valeurs anormalement hautes par automesure, préciser au patient qu’il doit contacter son médecin traitant et ne pas modifier seul son traitement.
8. Rappeler l’importance du respect des mesures hygiéno-diététiques, dont l’activité physique, qui seront à adapter au contexte du confinement ou de sa levée et à la situation du patient. En particulier de ne pas oublier de se peser régulièrement.
9. Maintenir les consultations médicales nécessaires au rythme prévu en adaptant les modalités aux nécessités de prise en charge du patient (téléconsultation et télésoin si possible, consultation sur rendez-vous au cabinet en milieu sécurisé ou visites à domicile, en appliquant les mesures de protection nécessaire).
10. Rappeler que la téléconsultation est une vraie consultation et que le patient doit se munir de la liste de ses médicaments, des résultats d’analyse biologique si besoin et des données d’automesure en prévision de celle-ci.
11. Insister auprès du patient qu’en cas de nouveaux symptômes il ne doit pas attendre mais contacter un médecin. Et en cas de symptômes évocateurs d’une complication cardiovasculaire (douleur thoracique, déficit neurologique, troubles visuels, etc.), même si ces symptômes sont transitoires, il doit contacter directement le 15.
Pour télécharger la fiche
HAS, Réponses rapides dans le cadre du Covid-19 – HTA, suivi des patients, 12 mai 2020.
Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien